Aventures dans le Tambopata
Je rencontre Ramon par une journée ensoleillée et chaude sur la Plaza de Armas de Puerto Maldonado. On monte dans son 4×4 et on file vers l’agence d’Inotawa à quelques coins de rue. Là, en attendant que les autres voyageurs arrivent de l’aéroport, je m’endors un peu sur une chaise en bois. Arrivent enfin Claudio l’Italien et Mario l’Espagnol et on se rend jusqu’au port de la communauté Infierno. De là, on s’engage en bateau sur le fleuve Tambopata, un trajet qui me paraît toujours aussi fascinant, même si je l’ai emprunté plusieurs fois en 3 semaines de séjour dans la région.
En chemin, une famille de singes se prélasse sur une branche d’arbre et nous observe du coin de l’œil. Je les envie un peu, la vie semble si douce pour eux.
On arrive au quai et on s’engage à travers les magnifiques chemins de la forêt. Entre la végétation se dévoile le lodge d’Inotawa.
Ramon me fait visiter le site, qu’il a commencé à construire en 2001. Il y a 4 cabanes indépendantes pour les couples et 2 communes pour les familles. Dans le bâtiment principal, on il y deux espaces connectés par une passerelle, d’un côté la salle à dîner avec la cuisine et de l’autre le salon et les chambres – à 2 ou plusieurs lits. C’est là que je dormirai. Ma chambre est simple mais charmante avec un pan de mur ouvert qui donne sur le nature et qui permet de se détendre avec les bruits de la jungle.
D’abord attirée par les hamacs du salon qui sont particulièrement invitants, je reste figée en regardant les pièces posées sur un meuble: des crânes d’animaux et des bocaux avec des serpents. Un vrai petit musée des horreurs comme on les aime avec de magnifiques spécimens que je préfère savoir inactifs à si courte distance de moi.
Lorsque je me réveille après une petite sieste, la nuit est tombée. On part marcher à travers les sentiers, à la lumière d’une lampe de poche. J’ai rapidement appris que la jungle est aussi fascinante de jour que de nuit avec ma première excursion au Refugio Amazonas. Si je suis encore fascinée par ce monde qui se dévoile à nous, Mario et Claudio en sont à leur première excursion nocturne et ont l’air de deux enfants surtout lorsqu’on découvre une grenouille petite comme une de mes phalanges de doigt.
5h30 am, on part en bateau jusqu’à la collpa avec les yeux un peu collés. En arrivant, je reste sacrément coincée dans la boue en montant et me fait tirer par le pauvre Claudio. Toujours aussi gracieuse, comme d’habitude. Cachés, on observe en silence l’arrivée des oiseaux avec en trame de fond les impressionnants bruits de la jungle.
Après quelques minutes d’attente commencent à arriver prudemment les oiseaux colorés : le pione à tête bleue, amazone à front jaune, conure pavouane, perroquets. Ils ont tous un rituel particulier alors qu’ils se retrouvent en couple sur les branches et descendent un à un. Ils sont végétariens, mais les plantes qu’ils consomment renferment des alcaloïdes qui sont toxiques pour les femelles. Elles doivent donc aller à la collpa régulièrement pour ingérer le sodium et le calcaire qui s’y trouvent pour les neutraliser, sinon elles en meurent. Généralement on peut observer 8-9 espèces mais la jungle est parfois capricieuse, comme aujourd’hui.
Plus tard, je pars avec Ramon et son fils Mathias au Lac Tres Chimbadas, géré par la communauté d’Infierno et auquel n’ont accès qu’Inotawa et Posada Amazonas. De quoi se sentir privilégié. Matias est comme un poisson dans l’eau dans cette jungle, il marche avec enthousiasme et en connaît un rayon sur ce qui l’entoure. Certains enfants vont au parc, d’autres ont un bout d’Amazonie comme terrain de jeu. Il faut dire que les chemins ici sont magnifiques et inspirants avec d’immenses arbres comme l’acajou ou le fromager.
En chemin, Ramon s’arrête devant un grand arbre d’une vingtaine de mètres et me dit « celui-là s’appelle l’ajosquiro et il sent quelque chose que tu devrais reconnaître ». En me tendant un bout de tronc, l’odeur est frappante : « ça sent l’ail ! ».
On arrive au lac. On est ici pour pêcher le piranha et je me sens soudainement comme Indiana Jones…le piranha quand même! J’imagine soudainement cet étrange scénario où je tombe dans l’eau et je me fais dévorer par une horde de piranhas voraces. J’ai vu trop de films.
Ramon fait des lignes en mode survivor : un bout de bois, un bout de corde, un bout de viande. On lance, on attend. J’entends presque les piranhas rire de moi en me piquant le bout de viande, encore et encore. Leur lancer directement dans l’eau aurait été aussi efficace. Ramon est le seul du trio à effectuer l’opération avec brio.
Il prend un piranha et me dit : « il faut faire vraiment attention, la morsure la plus courante se fait dans le bateau quand tu oublies qu’il est encore vivant, il saute et il mord. Crois-moi, ça fait mal il a toute une mâchoire! ». Pour preuve, il prend une feuille et clac! le piranha la mord dès qu’il l’approche de sa gueule.
Le tonnerre gronde au loin, on entend la pluie qui s’approche et soudainement on la voit déferler sur la moitié du lac. C’est magnifique. On décide de rentrer au lodge avant de se faire tremper. On marche à pas rapide à travers les sentiers accompagnés du puissant grondement qui se fait de plus en plus sentir. Puis, c’est le déluge. La pluie dans la jungle, ce n’est pas de la petite pluie, mais c’est tout à fait magique.
On arrive au lodge. Si je suis heureuse de pouvoir me sécher, j’ai tout de même un immense sourire d’enfant satisfait sur les lèvres. Ramon part préparer notre butin à la cuisine. Je m’assois et discute avec Pablo et Belén, deux chercheurs en biologie qui étudient un oiseau rarissime, la Garza Agami au Lac Cocococha. C’est que pour pouvoir opérer, tous les lodges doivent s’engager à accueillir des chercheurs, ce qui me paraît être une initiative intéressante pour préserver les lieux.
Ramon revient avec les piranhas frits. Pas trop de chair, plutôt croustillants, je dévore ces petits poissons blancs avec gourmandise. Si je suis un peu déçue de ne pas avoir réussi à trouver du suri, cette larve qui se trouve dans les palmiers, je pourrais dire que j’ai mangé du piranha.
Infos pratiques
Le séjour recommandé est de 3jours/2 nuits ou 4 jours/3 nuits afin de bien profiter des lieux, mais Inotawa propose des séjours de toute sorte.
Tous les transferts sont inclus dans la réservation du séjour : de Puerto Maldonado, on vous emmène en voiture jusqu’à la communauté d’Infierno (45 min) et de là, vous prenez un bateau sur le fleuve (1h)
Électricité : de 18h-22h
Eau : pas d’eau chaude (du moins pas quand j’y étais), shampoing et savon inclus.
Clientèle : beaucoup de familles, mais également des groupes et quelques couples
Inotawa propose de nombreuses activités : grimpe d’arbre (treeclimbing), vélo autour du terrain (4km), rafting avec camping et plage, marches nocturnes, et bien d’autres.
Quand y aller? Il est recommandé d’y aller de juin à septembre pour éviter la saison humide, cependant j’y ai été à la fin mars et même s’il est vrai que les pluies étaient plus ou moins fréquentes, c’était très supportable. La période à éviter est surtout de la fin novembre à début mars.
Inotawa Lodge
Page Facebook d’Inotawa
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Ramon Ernesto Delucchi Weyrauch Tél. 993195255