Le puits

Publié le 17 novembre 2014 par Stéphanie @Sariahlit
" Ça me suffit si l'univers tourne autour de moi."
Repila Yvan 
Traduit par Margot Nguyen Béraud
112 pages
Éditions Denoël (2014)
Collection Littérature étrangère
Deux frères, le Grand et le Petit, sont prisonniers au fond d’un puits de terre, au milieu d’une forêt. Ils tentent de s’échapper, sans succès. Les loups, la soif, les pluies torrentielles : ils survivent à tous les dangers. À leurs côtés, un sac de victuailles donné par la mère, mais ils ont interdiction d’y toucher. Jour après jour, le Petit s’affaiblit. S’il doit sauver son frère, le Grand doit risquer sa vie. Le Petit sortira-t-il? Le Grand survivra-t-il? Comment surtout se sont-ils retrouvés là?
Extrait :
« Le Grand passe en revue chaque millimètre du puits, chaque irrégularité, chaque racine. Il relève sa chemise et, dans le pli ainsi formé, réunit tout ce qu'il peut trouver, tandis que le Petit l'observe sans comprendre. Les ongles noirs, il s'assied ensuite en face de son frère et lui montre son butin constitué de fourmis écrasées, d’escargots verts, de petits asticots jaunes, de racines tendres et de minuscules larves. »
Mon avis :
Un récit sombre qui ne repose que sur deux enfants et un puits. Le grand et le petit, ainsi nommé tout au long du récit, se retrouvent dans un puits sans qu'on ne sache réellement comment ils y sont parvenus, ni pour quelles raisons : sont-ils tombés ? Ont-ils été poussés dans ce trou ? Et puis, où sont les parents ? Les deux enfants sont livrés à eux-mêmes, oscillant entre faim et perte de l'esprit. Nous les suivons jour après jour, tentant de survivre avec ce qui est à leur portée. Ils tentent de prendre soin l'un de l'autre dans l'attente d'une issue. Mais les sentiments sont exacerbés par la promiscuité et, parfois la haine et la peur prennent le dessus sur l'amour et les liens du sang. L'espoir de sortir un jour est pourtant tout ce qu'il leur reste. Mais qui viendra les sauver, ainsi perdu dans un trou ? Autant dire qu'il s'agit d'un récit étrange. Je me suis laissée portée par l'histoire, intriguée par l'éloge qui en était faite dans le prologue. Et j'en ressors extrêmement perdue. On assiste aux scènes et on se prend à être de trop dans ce conte dont on perçoit peu à peu que l'issue sera triste. La faim, la soif, le froid, les hallucinations... On se doute qu'ils ne peuvent survivre indéfiniment ainsi. Et puis, il y a cette sensation d’irréelle, de symbolisme qui persistait tout au long de la lecture : privé de liberté, l'homme se transforme, se perd pour ne devenir qu'un animal incapable de s'exprimer. Un sentiment d’oppression qui persistait et, qui me faisait hésiter entre l'étrangeté de la narration et l'abomination de la situation. Aussi, je ne suis pas certaine d'avoir compris tous les tenants et aboutissants de cette histoire, de ce drôle de conte qui n'en ai pas vraiment un...Un récit court mais pourtant extrêmement chargé. Un roman troublant, perturbant qui peut même être dérangeant tant la souffrance y est présente. Je m'attendais à une belle histoire d'entraide fraternelle. Et, j'en ressors plutôt bouleversée et incertaine.
★★☆☆☆