Le roman que je voudrais vous présenter aujourd'hui est un incontournable de cette rentrée littéraire. Très apprécié des blogueurs et des libraires, sélectionné pour plusieurs prix littéraires et lauréat du Prix Renaudot... il s'agit évidemment de Charlotte, de David Foenkinos.
Ce roman retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu'elle était enceinte. Après une enfance à Berlin marquée par une tragédie familiale, Charlotte est exclue progressivement par les nazis de toutes les sphères de la société allemande. Elle vit une passion amoureuse fondatrice, avant de devoir tout quitter pour se réfugier en France. Exilée, elle entreprend la composition d'une œuvre picturale autobiographique d'une modernité fascinante. Se sachant en danger, elle confie ses dessins à son médecin en lui disant : «C'est toute ma vie.» Portrait saisissant d'une femme exceptionnelle, évocation d'un destin tragique, Charlotte est aussi le récit d'une quête. Celle d'un écrivain hanté par une artiste, et qui part à sa recherche. Dans ce roman, David Foenkinos nous propose de découvrir l’histoire de Charlotte Salomon, une artiste peintre juive allemande, née en 1917 et morte en 1943 à Auschwitz. Elle est surtout connue pour l’œuvre qu’elle a créée entre 1940 et 1942 et qu’elle a rassemblé sous le nom Vie ? ou Théâtre ?Mais le texte de David Foenkinos n’aurait pas d’intérêt s’il était uniquement biographique. Ce qui rend ce livre intéressant, c’est que l’enquête historique n’est pas mise au premier plan et que Foenkinos ne se contente pas de raconter l’histoire de Charlotte Salomon avec le point de vue d’un historien. Au contraire, il donne à l’histoire de l’artiste plus de poésie et d’émotion qu’une biographie ne l’aurait fait.Déjà, l’originalité du récit tient selon moi principalement à sa forme. En effet, le roman de David Foenkinos ne se présente pas sous la forme de la prose mais est comme versifié puisque l’auteur revient à la ligne à la fin de chaque phrase.L’écriture est donc hachée et la forme de phrases brèves choisie par l’auteur l’empêche de se perdre en justifications ou en détails historiques, de telle sorte que si le récit qu’il nous propose a une dimension biographique, il n’a pas la rigueur et la distance que l’on pourrait s’attendre à trouver dans une biographie. En réalité, l’écriture versifiée de ce livre lui donne un caractère beaucoup plus personnel et intime : la voix de l’auteur se fait très présente.L’histoire est ainsi entrecoupée de brèves interventions de l’auteur, dans lesquelles Foenkinos nous raconte ses voyages dans le quartier de Charlotte, la façon dont il a été amené à découvrir son œuvre ou encore ses impressions sur certains épisodes de la vie de la peintre.L’histoire que nous raconte David Foenkinos n’est donc pas tant celle de Charlotte Salomon que celle de sa rencontre avec l’artiste, et là où le livre est intéressant, c’est qu’il ne parle pas uniquement de Charlotte mais de l’impact qu’elle a eu sur l’écrivain lui-même.Ce roman n’a donc pas pour simple objectif d’instruire le lecteur à propos de la vie de l’artiste et de son œuvre, mais surtout de lui proposer une réflexion autour de l’art et de la création artistique en général. En écrivant un roman sous une forme si originale, David Foenkinos s’interroge aussi sur la façon dont on devient artiste, et sur ce qui peut faire de nous un artiste. A ma grande surprise, l’écriture versifiée de l’auteur et la brièveté des phrases ne m’ont pas du tout dérangée. Souvenez-vous, je reprochais à Julie Gouazé son style décousu et son écriture trop saccadée dans Louise. J’appréhendais donc un peu la lecture de Charlotte : je m’attendais à découvrir un texte assez froid et monotone.Pourtant, j’ai été très agréablement surprise par ce style, et je pense que ce qui m’a le plus plu c’est que cette écriture saccadée soit justement poussée à son paroxysme. Dans ce livre, les phrases courtes n’apparaissent pas comme un moyen superficiel de donner du sens ou un certain rythme là où les mots échouent à le faire, mais m’ont vraiment semblé pertinentes et justifiées.J’avais un peu peur de ne pas réussir à rentrer dans l’histoire et que la narration soit trop abstraite à cause de cette écriture si hachée et versifiée, mais c’était vraiment un préjugé puisque je n’ai eu aucune difficulté à m’imprégner de l’histoire de Charlotte Salomon.Je ne connaissais pas du tout cette artiste avant de lire ce livre, et j’ai bien aimé la découvrir à travers l’écriture de David Foenkinos. Honnêtement, ce livre ne m’a pas transcendée et n’est pas un coup de cœur, mais c’est très certainement une belle découverte. Je connaissais David Foenkinos au travers de La Délicatesse seulement, et si j’avais bien aimé ce livre, je l’avais quand même trouvé assez léger. Avec Charlotte, il s’est selon moi très bien renouvelé et a su ne pas se reposer sur ses acquis et prendre des risques. Certes, ce n’est pas non plus un monument de la littérature, mais il vaut vraiment la peine qu’on s’y intéresse, non seulement pour découvrir l’écriture choisie par Foenkinos, mais aussi pour découvrir Charlotte Salomon, son histoire et son univers artistique. Je vous le recommande donc à 100% !
« Pendant des années, j’ai pris des notes.J’ai parcouru son œuvre sans cesse.J’ai cité ou évoqué Charlotte dans plusieurs de mes romans.J’ai tenté d’écrire ce livre tant de fois.Mais comment ?Devais-je être présent ?Devais-je romancer son histoire ?Quelle forme mon obsession devait-elle prendre ?Je commençais, j’essayais, puis j’abandonnais.Je n’arrivais pas à écrire deux phrases de suite.Je me sentais à l’arrêt à chaque point.Impossible d’avancer.C’était une sensation physique, une oppression ?J’éprouvais la nécessité d’aller à la ligne pour respirer.
Alors, j’ai compris qu’il fallait l’écrire ainsi. » p.71
Et vous, y a-t-il des livres qui vous ont permis de découvrir d'autres artistes ? Si oui, n'hésitez pas à les partager en commentaire ! A bientôt :-)
« Pendant des années, j’ai pris des notes.J’ai parcouru son œuvre sans cesse.J’ai cité ou évoqué Charlotte dans plusieurs de mes romans.J’ai tenté d’écrire ce livre tant de fois.Mais comment ?Devais-je être présent ?Devais-je romancer son histoire ?Quelle forme mon obsession devait-elle prendre ?Je commençais, j’essayais, puis j’abandonnais.Je n’arrivais pas à écrire deux phrases de suite.Je me sentais à l’arrêt à chaque point.Impossible d’avancer.C’était une sensation physique, une oppression ?J’éprouvais la nécessité d’aller à la ligne pour respirer.
Alors, j’ai compris qu’il fallait l’écrire ainsi. » p.71
Et vous, y a-t-il des livres qui vous ont permis de découvrir d'autres artistes ? Si oui, n'hésitez pas à les partager en commentaire ! A bientôt :-)