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Onomatopées

Publié le 25 mai 2008 par Jlhuss

notrebassecour_poules.1211729145.jpgFormés aux maths modernes, à la méthode globale et aux études de marché, les « nouveaux » journalistes comme le roseau de La Fontaine s’émeuvent d’un rien. « Le moindre vent qui d’aventure fait rider la face de l’eau » tourneboule en eux la « folle du logis » . Pour un reflet d’écume, ces faiseurs d’opinion volatile annoncent le feu au lac, ou seulement à la mare au bord de laquelle depuis un an, flip flap, s’activent vaillamment notre nouveau Coq, sa cour et sa basse-cour. A la moindre fausse note, au moindre cocoricouac, (comme naguère au dernier bling-bling), les chroniqueurs pouet-pouet sont en émoi, croient pouvoir sonder dans le gouvernement les trous de haine, les vases d’incompétence, les tourbillons de nullitude, tous indices de l’effondrement imminent du moulin, badaboum !

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Allons, Messieurs, on ne vous l’a donc pas enseigné ? Le couac n’intervient que dans un orchestre dynamique bien décidé à jouer de concert même s’il s’embrouille encore un peu dans les triples croches du presto. Les vrais mélomanes ne bronchent pas, ils savent que l’art est difficile et le dénigrement aisé, ils cherchent l’âme de la partition et la trouvent. Toc.

D’ailleurs deux petits couac valent mieux qu’un gros couic. Le couic, c’est le cri du cou coupé. Ô, nos bons chroniqueurs, vous si friands de le percevoir à droite, tendez donc l’oreille de l’autre côté. Une oie, encore tout ébaubie qu’on ait failli naguère la mettre en cuisine, croit pouvoir aguicher une seconde fois sur le

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même dandinement : couic ! Un quarteron de cannetons cancanent qu’ils viennent d’éclore et se jettent, plouf, sur les croûtons de pain des sondages . Un vieux dindon de Paris fait courir le bruit qu’il a la cuisse tendre, le blanc rose pâle et le fumet libéral : velib dring dring ! Un perdreau de Neuneu, rouge mais bon enfant, s’offre pour des agapes post-prolétariennes : trott skii tché dou dou ! … Bref à gauche, ce n’est pas un couac par mois, c’est la poule au popot tous les dimanches. Gloups.

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C’est justement de casseroles que causaient mes commères au marché de vendredi. « Dites donc, m’ame Daube, vous trouvez pas que le ragoût politique manque de nerf ces temps-ci ? -Ah ! ça oui, m’ame Michu, on nous passe le bœuf à l’attendrisseuse . J’en deviendrais végétarienne. -Vous auriez tort, m’ame Daube, roses ou verts, les légumes sont aussi chers que la viande, et quatre navets ne font pas un potage -Reste le poisson, mais vingt euros la lotte du Nord ! quinze la dorade royale ! -Même à trente centimes je vous les laisse : l’une est trop grasse, l’autre insipide et pleine d’arêtes. Savez pas ? moi j’aimais bien la petite morue à l’italienne, au moins ça faisait chanter le palais. Eh bien on la trouve plus sur les étals, pfutt, ou alors déjà dessalée, pâlotte, on dirait qu’elle s’ennuie. -Comme nous, m’ame Daube, comme nous ! Y a qu’à regarder ces messieurs, tout en sourcils et traits tirés, complets marine et cravates noires ! Beurk. Tenez, c’est simple, je crois revoir mon mari de son vivant, et le croque-mort à ses funérailles. -Oh ! taisez-vous, m’ame Michu, vous me faites rire, c’est pas bien, y a tant de misère dans le monde ! -A qui le dites-vous ? Partout. Ça va de mon rhumatisme du genou au tremblement de terre en Chine. Jusqu’au réchauffement qui jette un froid. -Ajoutez le coup de l’euro et le service minimum : plus de beurre, plus d’épinards, hop ! même plus une bonne grosse grève pour relever le plat ! » Et vlan.

Arion


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