Si Martina Topley-Bird et le fantôme d'Amy Winehouse s'étaient mises à la procréation vocalement assistée après une nuit romantique dans les bras de Burning Spear - sous l'oeil vitreux de Zenzile, elles auraient sûrement donné naissance à Hollie Cook.
Cette londonienne de 28 ans a un pedigree à faire bander Philippe Manoeuvre : son père, Paul Cook, fut le batteur des légendaires Sex Pistols; sa mère Jennie Mathias fut choriste de Culture Club et est chanteuse de The Belle Stars - pôle position féminine du punk-rock flirtant brillamment avec le reggae/ska et les musiques afro; et son parrain se nomme Boy George. Ca commence mal. Très mal. En 2006, elle lâcha ses obscures études artistiques et, cédant à ses pulsions ataviques, rejoignit le quartet punk The Slits où elle fit les choeurs et les claviers dans leur album Revenge of the Killer Slits. Lors de sa brève collaboration avec Brown, figure de proue des cultissimes The Stone Roses (qui marquèrent la pop-rock avec un album éponyme et mirent les radios british à genoux avec l'inoubliable Fools Gold dans les années 90), elle apprit ce qu'il faut savoir en matières de composition et d'arrangements et créa son label Mr Bongo, estampillé tropical pop.
Grâce aux bons offices de Prince Fatty (un alter ego de Mad Professor parmi tant d'autres... comme seule sa Majesté sait les féconder en série), elle livre son premier album Prince Fatty Presents Hollie Cook In Dubdans lequel elle nappe ses mélodies sensuellement psyché de ska, de reggae et de dub très années 60-70. Toutefois, c'est son second album Hollie Cook qui lui vaudra un accueil remarqué dans les milieux indie pop et reggae/dub en 2011.
Les influences trip-hop sont nettement perceptibles, Miss Cook avoue vénérer les mères du trip-hop et les maquerelles de la soul : Beth Gibbons (Portishead), Skye Edwards (Morcheeba), Martina Topley-Bird (Tricky, Massive Attack), Amy Winehouse, Dionne Warwick, Diana Ross. En 2014, la chimiste du dub et de la soul livre sa meilleure formule en libre circulation avec Twice. Les instrumentations sont sophistiquées, les cordes amplifiées, les lignes de basse augmentées; la voix de Hollie Cook oscille entre ligne romantique, souffle mélancolique et bonheur rythmique.
La came est particulièrement addictive : l'audionaute s'injecte aisément les neuf titres et en abuse sans risque d'overdose.