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une vie de dragueur

Publié le 16 novembre 2014 par Dubruel

d'après L’INCONNUE de Maupassant

Sur le pont Napoléon III

Je rencontrai pour la première fois

Une jeune femme qui me fit un effet…

Mais un effet…étonnant.

Brune, avec cheveux mangeant le front,

Elle avait la taille bien cambrée

Et des seins saillants

Présentés comme un défi,

Offerts comme une tentation.

Je la suivis.

Pendant trois semaines, je n’ai pensé qu’à elle.

Puis j’oubliais la belle.

Je la revis

Six mois plus tard, rue de la Paix

Et je sentis

Une secousse au cœur en l’apercevant

Comme si je revoyais

Une maîtresse que j’avais quittée

Deux jours avant.

Je fus un an sans la revoir.

Puis un soir

Je la retrouvais.

Elle marchait

Devant moi sur les Champs-Elysées.

J’eus envie de lui parler,

De lui dire l’émotion qui m’étranglait.

Peu après, je la vis entrer

Dans une maison, rue Saint-Honoré.

Je l’attendis deux heures sur le trottoir.

Sans succès.

Et je fus encore huit mois sans la revoir.

Or un matin, étant distrait,

Je la heurtai

Malencontreusement

Je m’excusai : -« Je suis désolé et ravi

De vous avoir bousculée ainsi.

Je vous vois depuis deux ans

Et ne me suis pas encore présenté :

Baron Roger de Lachaume.

Je passe pour être un honnête homme.

Indiquez-moi, s’il vous plait,

Le moyen de vous rencontrer. »

Elle m’a regardé fixement

Et me répondit en souriant :

-« Qu’elle est votre adresse ? Je verrai. »

Je m’empressai de la lui donner.

-« Quand est-ce que je vous reverrai ? »

-« Dimanche matin, si vous voulez. »

Et elle s’en alla, après m’avoir dévisagé,

Jugé, pesé, analysé.

Je me suis demandé qui elle était

Et me fixai la conduite à adopter.

Comment devais-je la payer ?

Je me décidai à acheter un bijou,

Un joli bijou.

Le dimanche suivant vers dix heures,

Chez moi, elle se déshabillait

Sans trop se faire prié d’ailleurs.

Mais quand il fallut lui chanter

Ma chanson d’amour, je découvrais

Que je n’avais plus de voix, mais plus un filet.

D’abord, elle s’étonna

Puis elle se fâcha, se rhabilla

Et prononça avec vivacité :

-« Il était bien inutile de me déranger. »

Je voulus lui faire accepter

La bague que j’avais achetée

Mais elle s’est indigné et me dit ::

-« Pour qui me prenez-vous, monsieur ? »

Je rougis et elle partit.

Ce qu’il y a de pis,

C’est que depuis,

J’en suis amoureux.

Je ne puis embrasser une joue,

Sans voir sa joue.

Elle assiste à toutes mes caresses.

Elle est toujours là, comme ma maîtresse !

Qui est-elle ? Je ne sais.

Je l’ai encore une fois rencontrée.

Je lui fis un salut.

Elle ne me l’a point rendu.


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