"L'objet de la discipline zen consiste à regarder d'un point de vue nouveau dans l'essence même des choses. Si vous avez pris l'habitude de penser logiquement, selon les règles du dualisme, débarrassez-vous-en et vous vous rapprocherez du point de vue zen. Vous et moi sommes censés vivre dans le même monde, mais qui peut dire si la chose, communément appelée une pierre, qui se trouve devant ma fenêtre est la même pour vous et pour moi ? Vous et moi buvons du thé. Cet acte est apparemment identique pour l'un et l'autre, mais qui peut dire s'il n'y a pas, du point de vue subjectif, un abîme entre votre façon de boire et la mienne ? De la vôtre le Zen est peut-être absent, alors que la mienne en est imprégnée. La raison en est que vous êtes enfermé dans le cercle de la logique, dont je suis sorti. Bien qu'il n'y ait en fait rien de neuf dans ce que j'appelle le « nouveau » point de vue du Zen, le mot convient pour définir la manière zen de voir le monde, même s'il ne s'agit là que d'une concession de langage.
Cette atteinte d'un nouveau point de vue par le Zen est appelée satori (wu en chinois). Sans elle il n'y a pas de Zen, car la vie du Zen commence avec « l'ouverture du satori ». On pourrait définir le satori : une manière intuitive de tourner son regard vers l'intérieur, par opposition à la compréhension intellectuelle et logique. Mais quelle que soit la définition, le satori signifie la révélation d'un monde nouveau, jusqu'alors non perçu dans la confusion de la pensée dualiste." D. T. Suzuki
Tourner son regard vers l'intérieur et découvrir l'ouverture absolue : tel est le zen et le satori.
jlr