[Critique] RESPIRE

Note:

Origine : France
Réalisatrice : Mélanie Laurent
Distribution : Joséphine Japy, Lou de Laâge, Isabelle Carré, Claire Keim, Radivoje Bukvic, Carole Franck, Roxane Duran, Thomas Soliveres …
Genre : Drame/Adaptation
Date de sortie : 12 novembre 2014

Le Pitch :
Charlie, 17 ans voit sa vie de lycéenne calme et sereine bouleversée par l’arrivée de Sarah, nouvelle élève au caractère manipulateur…

La Critique :
Aborder la période de l’adolescence au cinéma n’est pas une chose aisée, et on peut d’ailleurs observer que lorsque c’est le cas, souvent les stéréotypes pleuvent. En ce qui concerne Respire, le deuxième film de Mélanie Laurent après Les Adoptés, il n’en est rien. Les personnages ne sont jamais stéréotypés et la réalisatrice parvient à toucher au plus près de certaines réalités. Un rendu réaliste dans lequel de nombreux spectateurs semblent s’être retrouvés ou identifiés. Respire aborde un sujet délicat, celui de l’amitié qui vire à l’obsession entre deux jeunes adolescentes. Une obsession maladive incarnée par le personnage réservé de Charlie, qui se confronte au caractère manipulateur et malveillant de Sarah. Et on peut dire que les deux jeunes actrices jouent leur rôle respectif à merveille ! On avait déjà vu Joséphine Japy dans le superbe film Cloclo de Florent Emilio Siri (elle y interprétait France Gall), et Lou de Lâage dans Jappeloup, entre autres.

L’histoire de ce long-métrage commence avec un bouquin. En effet, lorsqu’à 17 ans Mélanie Laurent lit le roman du même nom d’Anne Sophie Brasme, elle ne se doutait pas qu’elle l’adapterait bien plus tard. Elle parle maintenant « d’une évidence ». Le film en est une libre adaptation, basée sur les souvenirs de la réalisatrice. Ouvrage qu’elle n’a préféré pas relire avant de réaliser son film.

Et Respire est une réussite sur de nombreux points. Tout d’abord le choix de se baser sur une heure et demi est judicieux car il implique un format court propice à ce type d’histoires, axées sur un petit nombre de personnages. On évite ainsi les longueurs qui font parfois défaut à certains films, et on entre dans le vif du sujet très vite. Cette histoire simple dont les thématiques reflètent l’ordinaire de beaucoup de jeunes, gagne ainsi en intensité. Une intensité qui se fait également sentir par le biais d’une mise en scène sensorielle qui insiste sur les bruitages, et sur le souffle. On baigne clairement dans un climat quelque peu anxiogène, annonciateur d’horizons tragiques.

Sur le même sujet et dans un autre style que Respire, on peut aussi parler de Despuès de Lucia, long-métrage absolument admirable mais également très perturbant de Michel Franco, au traitement plus cru.

Les deux actrices principales font un boulot impeccable pour incarner ces deux personnages très difficiles et absorbants. Certains s’amuseront peut-être à comparer la thématique du film avec celui d’Abdellatif Kechiche : La Vie d’Adèle, mais en réalité il n’en est rien. les deux longs-métrages n’ont rien à voir l’un avec l’autre si ce n’est que les deux protagonistes sont deux jeunes lycéennes. Là où Abdellatif Kechiche patauge dans les clichés et les stéréotypes avec grossièreté, Mélanie Laurent réussit avec brio et habileté, mais surtout sans artifices. Respire traite d’ailleurs avant tout du harcèlement moral (et parfois physique) et de ses conséquences.

La réalisatrice très investie dans le sujet qu’elle traite, signe ici un excellent film sur les difficultés que peuvent rencontrer les adolescents dans leur parcours personnel, et démontre à quel point les diverses influences ont un impact considérable pendant cette période. Avec délicatesse et intelligence, elle met aussi en exergue le fait qu’il est parfois difficile de se protéger de certaines influences également en tant qu’adultes.

@ Audrey Cartier

Crédits photos : Gaumont Distribution 
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