Bien sûr, l'économie ne cesse de progresser et, matériellement parlant, de beaux jours attendent le Myanmar, sur le sol duquel les investisseurs du monde entier, multinationales américaines en tête, se sont solidement ancrés depuis la levée de l'embargo international et le retrait - prudent et forcé - de l'ex-junte militaire.
Bien sûr le pays s'est réveillé d'un long cauchemar et, après 20 années d'une junte militaire qui a laissé le pays exangue, il s'est remis à vivre plus librement. Les journaux sont légion, les cafés internet ouverts à chaque coin de rue, les manifestations autorisées, les syndicats officialisés et des milliers de prisonniers d'opinion ont été libérés en plusieurs vagues successives.
Tout cela est bien réel et personne ne cherche à le nier.
Interdiction constitutionnelle Ce qui n'empêche pas, pour autant, de constater que le chemin est encore long qui mènera le peuple birman à la démocratisation totale de son pays et que nombreux restent les graves problèmes à résoudre (conflits armés interethniques qui perdurent, système éducatif en ruines, discrimination de certaines minorités tels les Rohingyas d'Arakhan, nouvelles arrestations de journalistes ou d'activistes, etc.)
Fait encore plus grave aux yeux des Birmans: l'interdiction constitutionnelle faite à Aung San Suu Kyi, pourtant plébiscitée par tout son peuple, de devenir, en 2015, la première Présidente démocrate de Birmanie! Plus d'un million de Birmanes et de Birmans militent au sein de son parti, la NLD (Ligue Nationale pour la Démocratie). Et 5 millions viennent de signer une pétition, à visage découvert, pour réclamer sa candidature à la tête du pays, considérant qu'elle est la seule personne, à ce jour, capable de mener la Birmanie vers la démocratisation totale, la paix et la réconciliation nationale, à l'instar d'un Nelson Mandela en Afrique du Sud et avec les méthodes non-violentes d'un Gandhi ou d'un Martin Luther King.
Empêcher Aung San Suu Kyi d'accéder au pouvoir Barack Obama, qui s'est longuement entretenu avec elle, suite au sommet de l'ASEAN, s'est déclaré, lui aussi, extrêmement choqué par cette situation.
“Je ne comprends pas cette clause qui permet d'exclure quelqu'un de la Présidentielle!“ a-t-il lancé!
En fait, une clause taillée sur mesure par l'ex-junte militaire pour empêcher à jamais Aung San Suu Kyi d'accéder au pouvoir. Cette clause - article 59 de la Constitution rédigée en 2008 - interdit à tout Birman de devenir Président de la République si il est, ou a été, marié à un étranger ou s'il a des enfants étrangers.
C'est le cas d' Aung San Suu Kyi qui a épousé en 1972, lors de ses études en Europe, un Britannique, du nom de Michael Aris, décédé en mars 1999, et avec lequel elle a eu deux enfants, Alexander et Kim, qui ont la nationalité britannique.
Un gouvernement qui avance d'un pas et recule de deux Bien sûr, en Birmanie comme ailleurs, toute loi ou tout article de Constitution est amendable ou annulable devant l'Assemblée nationale par un vote majoritaire!
Seulement voila! Depuis 2 ans que le problème a été mis en lumière et que les démocrates réclament suppression ou modification de cet article et droit à Aung San Suu Kyi de pouvoir être candidate aux élections présidentielles de novembre 2015, on tergiverse du côté du gouvernement Thein Sein. On réfléchit. On hésite. On multiplie les réunions et les effets d'annonce. On avance d'un pas puis on recule de deux. On promet de trouver une solution prochaine, puis on annonce que ce n'est plus possible!
Et ainsi de suite! Deux ans que cela dure. Annonces, contre-annonces, réunions, réflexions, revirements... Du côté démocrate, on a attendu, on a espéré, on a cru, on ne croit plus, malgré d'encore toutes récentes promesses...
Une comédie qui a assez duré! Aujourd'hui, Aung San Suu Kyi en a assez! Les élections sont dans un an, mois pour mois. Une porte doit être ouverte ou fermée. Jusqu'à présent, elle a joué le jeu. Sincèrement. Honnêtement. Maintenant, la situation doit être dénouée. Ou non. “La Constitution birmane est injuste et antidémocratique! Elle doit être modifiée“ vient-elle de déclarer solennellement face à la presse internationale.
Après avoir alerté, depuis plus d'un an, les gouvernements occidentaux dont la France, l'Allemagne et les Etats-Unis, elle appelle aujourd'hui à la mobilisation et à la résistance.
Les démocrates birmans sont prêts à faire monter la pression crescendo à travers tout le pays.
Nous le sommes aussi, ses fidèles et inlassables soutiens militants en France, en Europe et de par le monde!
Aung San Suu Kyi est réclamée à la tête de son pays son peuple tout entier!
Elle doit pouvoir se présenter aux élections de 2015! Et ces élections se doivent d'être justes et équitables!
La comédie a assez duré!
“We shall overcome!”, comme le chantaient, hier encore, les prisonniers politiques birmans derrière les murs gris des prisons militaires...
Pierre MARTIAL
Ecrivain-journaliste
Président de France Aung San Suu Kyi
Aung San Suu Kyi, site français d'information et de soutien à Aung San Suu Kyi et à la Birmanie / Myanmar