Le
Conseil constitutionnel de la République française vient d'autoriser en dernière instance
l'extradition en Argentine d'un citoyen français, né dans ce pays et
soupçonné d'y avoir pratiqué la torture lorsqu'il exerçait des
fonctions policières dans le gouvernement anticonstitutionnel de
1976-1983, communément baptisé Junte militaire.
Voilà
deux ans que Mario Alfredo Sandoval, qui s'est réfugié en France
après le retour de la démocratie dans son pays et qui a été
naturalisé français en 1996, sous le septennat de Jacques Chirac,
est sous mandat d'arrestation Interpol.
Comme c'est son droit le plus
strict, il a fait jouer tous les ressorts de la procédure française
pour échapper à l'extradition, la dernière tactique étant de
s'abriter derrière la règle qui veut que la France n'extrade jamais
ses propres ressortissants. Mais les Sages ont considéré que les
faits dont doit répondre Sandoval devant la justice argentine sont
antérieurs à sa naturalisation et que par conséquent sa qualité
de citoyen français ne saurait être opposée au pays qui le réclame
(et où il ne risque pas la peine de mort, qui n'y est plus en
vigueur).
Seul
maintenant le gouvernement français peut ordonner et faire exécuter
cette décision. Ceci dit, on voit mal Laurent Fabius, Christiane Taubira ou
François Hollande s'y opposer. Pendant la Dictature, Sandoval est
soupçonné d'avoir appartenu, avec le surnom de Churrasco
(Côtelette ou Barbecue), à un groupe de barbouzes qui œuvraient entre les murs
de l'ex-ESMA, l'école de mécanique de la Marine qui s'était
transformée en centre de détention et de torture clandestin en
plein Palermo, à Buenos Aires. Le nommé Churrasco, qui a été
identifié comme étant Sandoval par des témoins, a laissé à ses
victimes le souvenir d'un homme intellectuellement mal préparé à
cette sale besogne. Il dénotait parmi ces officiers sans foi ni loi.
A
Paris, Sandoval a entamé une carrière de consultant dans le domaine
de la défense. Selon Página/12, il aurait même eu ses entrées au
Ministère de la Défense sous la présidence de Sarkozy !
Seul
de tous les grands quotidiens nationaux argentins, Página/12 se fait
ce matin l'écho de cette décision d'hier à Paris.
En
français, on trouve sur le Web une dépêche Reuters datée d'hier
soir.
Mes
recherches m'ont permis de retrouver un article du 15 mars 2012 dans
Página/12, qui a pris dès le début fait et cause pour les parties
civiles et attaque violemment la présidence Sarlozy, un article de L'Express du 6 juin 2014 lorsque Sandoval a
fait appel de la décision d'extradition et un peu plus tôt encore,
un communiqué de l'ACAT France, du 22 avril 2014, qui se
solidarisait avec les parties civiles.