La mer, la bretagne, le vent, les enfants qui jouent dans le sable, les rêveries au bord de l'océan, la dureté des embruns, de la vie, des amours, la vieillesse, la jeunesse, la paresse, et le sable aussi, les galets, la plage, le passé, le présent, l'avenir...des nouvelles.
J'ai refermé ce recueil avec des sentiments mélangés... En effet, j'ai aimé son style très riche, excellent même, ses métaphores bien trouvées, ses images, l'ambiance générale de la plupart des textes brefs de Karine Fougeray, une ambiance rude, bretonne, très agréable, qui sent le goémon et la texture ferme et lisse des cirés jaunes.
Mais, il m'a semblé que ces nouvelles assemblées étaient d'inégales qualité, que l'ensemble constituait un tout peu homogène, et quelques chutes sont tombées un peu à plat dans l'eau de ma lecture - si je peux m'exprimer ainsi. C'est un peu dommage. Je pense qu'ils n'ont sans doute pas été écrits au tout départ pour se retrouver là, ensemble, dans ce livre, et cela se sent un peu, par moments...
J'ai eu malgré ce sentiment là véritablement du plaisir à lire ce livre, une petite préférence pour le récit qui donne son titre au recueil "elle fait les galettes, c'est toute sa vie" et pour cette histoire, intitulée "à la vase de chocolat" qui m'a forcément retourné les sangs (une femme perd de vue ses deux filles sur une plage et s'imagine le pire !).
Alors voici malgré tout une lecture bien intéressante, qui présage le meilleur pour le dernier titre de l'auteure, Ker Violette, paru aux éditions Delphine Montalant ! A suivre donc, en ce qui me concerne...
Un extrait (de à la vase de chocolat, justement)...
"Je les ai aperçues au loin, accroupies derrière un rocher doré et suçant leur pouce toutes les deux, leurs petites fesses rondes moulées dans les bikinis à pois. Cette gémellité de tendresse m'a atteinte en plein coeur, le ciel a rejoint la terre comme si les cordes qui le tenaient en l'air avaient lâché brusquement et il m'a aplati brutalement comme une crêpe entre les deux.
En basculant mes genoux se sont éraflés et, avant que je ne perde complètement connaissance, j'ai vu naître des rayures carmin sur mes rotules.
Violente, hagarde, transpirante, je me suis relevée d'un bond et j'ai couru vers elle comme une cinglée, en hurlant, en pleurant. Tout à coup mes seins mal soutenus par le triangle du maillot tressautaient douloureusement mais je dévalais la plage à toute allure.
Je n'ai pas prêté attention aux vacanciers qui m'observaient, goguenards, moi, cette furie émergeant d'une sieste sur la plage et se précipitant vers ses gosses comme si on avait voulu les lui enlever, là, sous ses yeux."
Le blog de Karine Fougeray
La lecture de Laure, de Lily, de Clarabel, de Katell, de Gawou, de Sylire, de Bellesahi...et j'en oublie, très certainement.