Le Dico des Idées : Le Keynésianisme

Publié le 15 novembre 2014 par Vindex @BloggActualite

John Maynard Keynes en 1933. 



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eynésianisme : Courant  de pensée économique dérivée des études et de la pensée économique de John Maynard Keynes (1883-1946), économiste britannique. Par son principal ouvrage, la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936) il a fortement influencé la pensée économique et l’économie politique. Il fut aussi très important dans la macroéconomie, c'est-à-dire l’étude de l’économie à une échelle macroscopique et d’un point de vue global. Souvent critiquée et surtout caricaturée de nos jours, cette doctrine apparaît comme étant un courant autorisant les gouvernements à des dépenses déraisonnées et au déficit chronique en matière budgétaire. Voyons donc les principes de cette doctrine économique et les évolutions qui ont renouvelé cette approche de l’économie qui n’est pas fondamentalement anti-capitaliste ni forcément étatiste.

La doctrine Keynésienne


Les grands principes
La pensée développée par John Maynard Keynes se pose en une forme de voie centrale entre le socialisme d’Etat et le capitalisme libéral. Certes, Keynes pense que le capitalisme est efficace mais que le marché libre n’est pas efficient et que les lois de l’offre et de la demande ne suffisent pas à l’équilibrer. De même, il s’agit pour lui de concilier la fin de la pauvreté et la fin de la lutte de classes et de nations. Economiquement parlant, l’analyse économique de Keynes repose surtout sur sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, publiée en 1936. Dans ce livre, il pose quelques règles contestent en certains points les constats de l’Ecole Classique d’Economie.    -Le chômage n’est pas, selon Keynes, une variable d’ajustement en cas de crise.    -La demande globale (ou « agrégée ») est le moteur de l’économie.    -Il vaut mieux soutenir l’emploi que lutter contre l’inflation.    -Les prix et les salaires ne réagissent que lentement aux lois de l’offre et de la demande. On parle ainsi de viscosité des prix.    -La baisse de la consommation a plus de conséquences sur le chômage et la production que sur les prix.
Ainsi, pour lui, les lois de l’Economie Classique ne fonctionnent qu’en cas d’économie en croissance et en plein-emploi, ce qui n’est pas toujours le cas. Il diverge avec cette école concernant la demande ou encore la monnaie. Ce sont ces principes et constats (entre autres bien sûr), qui justifient selon l’économiste écossais l’intervention du gouvernement dans l’économie.
Les solutions Keynésiennes

Tout d’abord, il faut préciser une chose : les solutions proposées par Keynes ne sont applicables que dans le cadre d’une politique de relance. Elles sont des réactions à un contexte de crise de l’économie provoquée par un choc. Il s’agit pour Keynes de préserver un équilibre essentiel à la stabilité de l’économie : l’égalité entre l’épargne et l’investissement. Plusieurs politiques sont ainsi possibles et complémentaires.
   -La politique monétaire : Admettons que d’un point de vue macroéconomique l’économie connaisse une crise brutale. Dans ce cas, les acteurs économiques chercherons à se désendetter, donc à épargner et non à investir. Le couple épargne-investissement sera donc déséquilibré. Le premier outil monétaire pour le rééquilibrer est celui du taux d’intérêt. La banque centrale doit dans ce cas diminuer les taux d’intérêt directeurs pour inciter à l’investissement (dont le prix diminue). Il s’agirait même dans certains cas d’atteindre des taux d’intérêt réels négatifs. Un taux d’intérêt réel est un taux d’intérêt calculé en fonction de l’inflation. (ex : Si le taux d’intérêt est de 2 pour cent et l’inflation est de 1 pour cent, alors le taux réel devient 1 pour cent). Cependant, dans le contexte d’une dépression, il est possible que l’inflation (faible) ne suffise pas à rendre négatifs les taux réels. Cela nous amène au deuxième outil monétaire… Le second outil monétaire est celui de la masse monétaire. La banque centrale doit dans ce cas injecter de la monnaie dans l’économie pour maintenir une certaine inflation. Un exemple récent de cette politique peut-être cité : celui des quantitative easing (assouplissements quantitatifs) menés par la « FED » (la banque centrale aux Etats-Unis). La limite de cet instrument est cependant que cette quantité de monnaie injectée reste dans le secteur financier sans dynamiser l’économie dite « réelle », c'est-à-dire de production.
   -La politique budgétaire : Toujours dans le même contexte de crise et si la politique monétaire ne suffit pas, les idées keynésienne préconisent alors de ne pas se soucier des déficits budgétaire et même d’en faire un levier de relance économique. Se cantonner à des politiques d’austérité dans un contexte monétaire restrictif entraînerait un paradoxe dans lequel, cherchant à se désendetter, les acteurs aggraveraient leur endettement du fait d’une déflation qui ferait croître la dette par rapport aux revenus épargnés pour se désendetter. Au contraire, pour Keynes, il faut que l’Etat laisse filer son déficit, ou tout du moins ne s’en préoccupe pas pour ne pas entraîner une spirale « déflation-dette dépression ». Cela peut se traduire aussi bien par des politiques d’investissements, de grands travaux, que par des baisses d’impôts sur le travail et l’investissement. L’objectif revendiqué est également de réduire le chômage. L’objectif est donc de relancer l’économie et non pas d’agrandir le poids de l’Etat de l’économie.

Critiques et évolutions du Keynésianisme


Critiques

Les économistes classiques et libéraux sont les principaux adversaires du Keynésianisme. Selon eux, les politiques Keynésienne ont favorisé l’inflation (ce qui après tout était l’objet assumé du Keynésianisme) mais de manière trop importante. Hayek, principal adversaire de Keynes, s’est notamment opposé à une doctrine qui favorisait la croissance de l’interventionnisme de l’Etat et une vision planificatrice de l’économie. Il affirmait aussi que Keynes présentait des lacunes dans ses connaissances de certains champs de l’économie (théorie du commerce international, économistes du XIXème siècle notamment). Il réfute enfin la vision macroéconomique de Keynes. Beaucoup d’autres libéraux ont aussi condamné la mauvaise allocution du capital qui pouvait être consécutive à une politique monétaire trop souple. Les monétaristes comme Milton Friedman, s’ils s’accordent sur la possibilité d’une politique monétaire de l’Etat sont toutefois plus orthodoxe dans leur politique monétaire. Ils affirment aussi que l’inflation ne réduit pas forcément le chômage et qu’il existe un taux de chômage naturel (ou structurel). Bien souvent, les libéraux s’accordent aussi pour critiquer les résultats de politiques de type Keynésienne. Ils prennent souvent l’exemple du New Deal de Franklin Roosevelt (1933-1938) et affirment son échec relatif. Cependant, il faut bien garder à l’esprit que le New Deal ne fut pas totalement inspiré par Keynes (qui publie son livre référence après le début du New Deal) même s’il en a appliqué certains aspects (notamment les grands travaux).
Les mutations du Keynésianisme

Si le Keynésianisme a connu un certain succès et inspiré des politiques économiques dans de nombreux pays, il a aussi été au centre de débats et de réinterprétations. Ainsi, les tenants actuels de Keynésianisme se séparent en deux courants.
   -Les Keynésiens influencés par l’école néoclassique : ils acceptent en partie l’orthodoxie néoclassique (concernant le long terme) et n’adoptent pas toutes les prises de position originales de Keynes, notamment concernant la politique budgétaire. Parmi eux, on retrouve des économistes connus et renommés comme Joseph Stiglitz ou encore Paul Krugmann. Ils insistent plus sur la politique monétaire et ont par ailleurs critiqué la politique monétaire restrictive de la BCE.    -Les post-keynésiens, plus fidèles à l’esprit de Keynes, sont plus en rupture avec l’école néoclassique. C’est une école hétéroclite. Le marxisme a pu apporter une influence à certains économistes. D’autres économistes se concentrent sur la circulation de la monnaie et critiquent la microéconomie. Ils adoptent en tous les cas une vision holiste conforme à celle de Keynes.
Sources
economyeu AndlilDictionnaire de la pensée politique. Hommes et Idées.Hatier.  Wikipedia
Vin DEX