Le texte sera disponible en Français moins de deux ans après sa publication américaine, en avril 2011. Un tour de force, compte tenu de l’ampleur (650 pages imprimées serrées) et la complexité du texte, dû à Charles Recoursé, traducteur attitré du grand DFW depuis la parution française en 2009 de son premier roman, La fonction du balai. Sans même parler du défi éditorial que représente la publication du roman inachevé d’un auteur qui, s’il bénéficie d’un lectorat fidèle, n’est demeure moins pas moins limité à quelques centaines de passionnés.
On doute pas, cependant, que le livre sera l’un des évènements étrangers de la rentrée 2012. C’est à Michael Pietsch, éditeur de Infinite jest et ami de Wallace, qu’est revenue la tâche très ardue d’assembler des milliers de pages de manuscrit non mises en forme, retrouvées par sa veuve dans le garage de l’auteur après sa mort.
Comme il l’explique dans une longue note introductive au livre, « Assembler la meilleure version possible du Roi pâle » a été « le plus grand défi que j’ai eu à affronter. Mais après avoir lu ces brouillons et ces notes, je voulais que ceux qui appréciaient le travail de David puissent voir ce qu’il avait créé ». Parmi les défis relevés par Pietsch, harmoniser les noms des personnages, que Wallace changeait tout le temps, ou mettre de l’ordre entre les innombrables brouillons et ébauches de chaque chapitre.
Après avoir situé le gros de l’action de Infinite jest dans un club de tennis, Wallace nous plonge ici dans le quotidien d’un centre de perception des impôts. L’auteur met en scène son propre personnage en apprenti de l’administration, qui observe l’ennui grandissant de ses collègues de bureau face à la monotonie de leur travail. Une nouvelle façon pour DFW de sonder les malaises de l’Amérique moderne, dans un texte foisonnant devenu malheureusement son livre-testament.
« Le Roi pâle » de David Foster Wallace, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Charles Recoursé, Editions Au diable Vauvert, 650 pages, 29 €. Parution le 13 septembre.