Les services – ou exemplaires – de presse sont, comme leur nom l’indique, des exemplaires gratuits destinés aux médias : journaux, radios, sites Internet, TV locales ou nationales. Ils sont donc destinés à la publicité et envoyés par l’éditeur aux médias qui acceptent d’en recevoir de sa part, soit habituellement, soit ponctuellement, en fonction de leurs disponibilités [1] ou de leur spécificité [2].
Bien entendu, l’auteur ou l’éditeur n’enverra pas d’office des services de presse (SP) à tel média : il sollicitera d’abord son accord, mesure destinée à s’assurer l’édition d’un article, d’une annonce, voire d’une émission concernant les livres et leurs auteurs.
Les SP ne sont donc pas à envoyer à l’aveuglette. J’ai déjà évoqué, dans un précédent éditorial, l’indifférence de certains médias à gros tirage vis-à-vis des éditeurs de taille modeste : seul, le grand Galligrasseuil a droit à leurs faveurs – en échange de quoi ? Mystère ! Il existe cependant des médias locaux ou diffusés en ligne – un avantage précieux ! – qui acceptent volontiers les SP.
Il convient cependant de ne pas laisser certains professionnels du livre abuser des SP. En tant qu’éditeur, j’ai parfois reçu des demandes de libraires ou de bibliothécaires qui demandaient un SP de tel ouvrage, c’est-à-dire « un exemplaire gratuit pour information de la clientèle ou des usagers. » Un culot monstre ! Ainsi, le libraire sera très satisfait de vendre tel livre qui ne lui aura rien coûté et le bibliothécaire pourra enrichir son fonds sans bourse délier. Il convient, évidemment, de ne pas se laisser « embobiner » par de telles demandes, irrecevables en tant que telles : librairies et bibliothèques doivent acheter les livres qu’elles commandent, c’est la moindre des choses!
Le record de l’indélicatesse en la matière m’est venu d’une bibliothèque d’origine suisse, spécialisée dans les livres en Braille : elle m’avait demandé un SP d’un livre pour le retranscrire en Braille et le mettre ainsi dans ses rayons. Cette bibliothèque entendait donc enrichir son fonds sans frais en profitant de la compassion que l’on peut éprouver pour les malvoyants, tout en s’efforçant au passage de flatter la vanité de l’auteur et de l’éditeur. J’ai refusé courtoisement mais fermement, arguant qu’une traduction ou adaptation d’un livre, sous quelque forme que ce soit, doit faire l’objet d’un contrat en bonne et due forme, accompagnée d’une rétribution que, selon les lois en vigueur, auteur et éditeur doivent se partager par moitié. La bibliothèque n’a jamais répondu, preuve, s’il en est besoin, de sa malhonnêteté notoire !
Tout cela pour vous conseiller, auteurs, de ménager vos SP si vous souhaitez accorder vous-mêmes cette faveur à tel ou tel média. Mieux vaut consulter d’abord votre éditeur afin d’écouter ses conseils. Outre les abus, certains envois de SP peuvent s’avérer redondants, par exemple lorsqu’ils ont un destinataire commun, certains médias pouvant être gérés par le même organisme, voire par un professionnel du livre. Une gestion correcte des SP doit assurer la promotion du livre et non pas détourner des exemplaires sans le moindre profit. C’est dans cet esprit que doivent travailler ensemble auteurs et éditeurs.
Thierry Rollet, agent littéraire
Scribo Masque d’Or
- [1] Présence d’une rubrique littéraire (générale ou spécialisée), calibrage des articles ou des émissions, etc.
- [2] Tel média peut être spécialisé dans tel genre littéraire.
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