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Crise ou pic d’objets ?

Publié le 14 novembre 2014 par Cecile Berthelon @walinette

L’autre jour, je discutais avec une amie, qui bosse dans le marketing pour une marque de chaussures. Elle me disait qu’on sentait arriver une 2ème crise (économique), peut être plus profonde que la première. Et que, outre les chiffres de vente en baisse, c’était surtout sur le choix des produits que ça se ressentait : les gens ne prennent plus de risques, ils veulent de bons basiques, de qualité, qui dure : de l’escarpin, de la boots, noirs, simples, sans fioriture, de l’utilitaire. Ils n’ont plus envie de collectionner les folies, les trucs qu’on ne mettra qu’une fois.

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C’est une impression générale, avec la mode montante du minimalisme. Alors, oui, la crise économique, et la peur et le repli qui vont avec peuvent l’expliquer. Mais je crois que ça va au delà de ça.

Il y a quelques mois j’ai lu un article. Je ne sais plus où, je ne sais plus très bien ce qu’il y avait dedans mais une notion m’avait marquée : celle du “pic d’objets”. Comme quoi notre société avait atteint un pic de consommation : tous les foyers sont tellement équipés en tout ce qu’on peut imaginer qu’on ne peut en absorber plus, malgré les injonctions du système de consommation. N’en jetez plus, la coupe est pleine. GA-VES, nous sommes. De fringues, oui, d’électronique, d’électroménager, de tout ce que vous pouvez imaginer.
Il n’y a qu’à voir l’essor du marché de l’occasion, qui regorge de trucs neufs qui ont à peine servis.

Je crois qu’il est là, le ras le bol. On a TOUT et trop de TOUT et – ah ah – le gros des troupes vient de réaliser le gros mensonge de la publicité : NON, même si on a tout, qu’on ne manque de rien et bien on n’est pas plus heureux pour autant. Car même si c’est évident en le disant, c’est pernicieux et parfois inconscient comme réflexe. C’est même l’inverse, l’entretien, le rangeage-nettoyage de tout notre bordel empiète carrément sur notre vie. Qu’est-ce qu’on gagne vraiment à entretenir/réparer tout un tas de trucs qui au final ne nous sert quasi à rien ?

Je crois que les messages du type “you deserve more*”, “faites vous plaisir”, “parce que vous le valez bien”, etc… ont fait leur temps, ils sont totalement illusoires. Et à force de discuter avec mon entourage, je crois qu’effectivement on leur est de moins en moins perméable. Et pour être totalement honnête avec vous, je crois que dans mon cas il a été nécessaire de passer par des années d’excès, de “toucher le fond” si on veut, pour en “revenir”.

Reste qu’on a été éduqués comme ça. Qu’on ne change pas des années de conditionnement en un claquement de doigt et qu’il est parfois difficile de lutter contre un marketing qui confine à la science de l’inconscient. Et il n’empêche que je me rends compte que je me lasse hyper rapidement des choses. Est-ce un zapping incessant, un besoin permanent de ces hormones du plaisir, une dépendance à la nouveauté ? Ce n’était pas comme ça il y a encore quelques années, le choix était moindre, les nouveautés 2 fois par an. Le blog a décuplé pour moi cet état, certes, mais je crois que la société en général est devenue trop dépendante au plaisir immédiat procuré par la consommation. On a perdu le goût de l’effort, abimés par cette croyance véhiculée par la publicité “on mérite mieux, plus facile, plus beau : TOUT DE SUITE”.
Est-ce cela, une société décadente ?

(Oh putain j’ai la pêche, ça fait peur hein)
(et sinon ça va, vous gardez le moral ?)
(et comme je ne suis pas à une contradiction près, je publie ça juste après être passée à une vente privée honnêtement très intéressante où je me suis prise une chemise Equipment en soie à 85€, pour les parisiennes, toutes les infos sont sur cette page Facebook)

* en voyage à Hawaii il y a quelques années on avait passé une soirée à discuter avec une américaine de LA, et selon elle c’est ce type de message qui était responsable en partie de l’obésité de la population : tu mérites d’en avoir plus à manger, tu mérites d’avoir de la sauce gravy, en plus de ton steack pané et de tes frites. Tu peux en avoir plus, car tu le mérites… L’argument marketing du toujours plus pour son argent, très fort aux états-unis, en France on joue tout de même plus avec l’argument de la qualité je trouve.


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