'71 // De Yann Demange. Avec Jack O'Connell, Paul Anderson et Richard Dormer.
Dans un contexte de guerre civile nous suivons ici le destin d'un jeune anglais et soldat, envoyé sur le front qui s'est perdu et qui tente de se cacher de ceux qui veulent sa peau, pour des raisons purement politique et religieuse bien évidemment. Gregory Burke (One Night in Emergency) signe ici un script qui tente de retranscrire l'horreur de cette guerre civile, de ce sentiment de peur qui anime tout le monde, même ceux qui sont sensés être sains et saufs. C'est Yann Demange (Dead Set, Top Boy) qui met alors en scène cette histoire avec le talent d'un britannique qui porte un certain regard sur la société de cette époque. On est dans un Belfast où les rues sont à feu et à sang, où tout le monde peut tuer tout le monde sous le couvert d'une histoire de religion. Cela m'a intrigué mais cela m'a aussi rapidement ennuyé. Le film est efficace au départ, notamment lors de cette grande bataille qui va nous conduire à une mort aussi efficace que surprenante (et c'est aussi ce qui va lancer le film) et puis malheureusement le film n'a de cesse de faire des aller-retour qui rendent finalement le tout ennuyeux.
Belfast, 1971.
Tandis que le conflit dégénère en guerre civile, Gary, jeune recrue anglaise, est envoyé sur le front.
La ville est dans une situation confuse, divisée entre protestants et catholiques.
Lors d’une patrouille dans un quartier en résistance, son unité est prise en embuscade. Gary se retrouve seul, pris au piège en territoire ennemi.
Il va devoir se battre jusqu'au bout pour essayer de revenir sain et sauf à sa base.
Le problème de '71 ce n'est pas vraiment ce qu'il raconte ou bien la reconstitution qui est irréprochable, mais plutôt la façon dont le côté labyrinthique du scénario devient rapidement un problème. Le film nous balade donc de scènes en scènes sans que cela ne parvienne à devenir réellement efficace. La seconde partie du film est même celle qui m'a le plus perdu malgré la présence d'un Jack O'Connell (Les Poings contre les Murs, Skins) toujours aussi soigneux dans ses prestations. Ici il prouve une fois de plus qu'il est un acteur talentueux qui a aussi un vrai coeur puisque pour une fois il n'a pas le rôle du méchant ou d'un truand mais simplement de quelqu'un qui tente de s'en sortir vivant dans un monde hostile qui cherche tout simplement à le tuer. Ce que j'ai cependant envie de saluer c'est le fait que Yann Demange parvient à faire quelque chose d'assez brillant visuellement. Il y a un vrai travail qui est fait et qui m'a tout simplement bluffé mais les britanniques ont déjà prouvé moult fois qu'ils étaient excellents quand il s'agit de faire des reconstitutions historiques et ils nous le prouvent donc une fois de plus.
J'ai cependant largement préféré Pride par exemple dans le genre "film d'époque britannique". Mais là tout est une question de scénario. Car c'est ce qui pèche dans '71 alors qu'il y avait largement de quoi faire, notamment quand on voit la première partie. Je n'aurais cependant pas aimé un film académique (ce que '71 n'est pas, fort heureusement). Je suis donc content de voir qu'ils n'aient pas vraiment cherché à le transformer en pamphlet pompeux. Mais si '71 est un film qui tente tout un tas de choses, il semble malheureusement se perdre et donc ne pas parvenir à nous délivrer tout son potentiel. On a l'impression de voir un film politique, puis un film troublant sur la religion et les conflits que cela a pu déclencher, l'histoire de la guerre (le rapport entre les anglais et les irlandais, ceux qui sont allés jusqu'à la frontière allemande et ceux qui n'ont pas réussi à y aller, etc.). C'est intelligent comme film mais malgré toutes les qualités intrinsèques de '71, je n'ai tout simplement pas été bluffé. Comme si le bel objet qui m'était présenté ne m'avait pas bouleversé alors qu'au fond, il avait tout ce qu'il fallait pour parvenir à le faire.
Note : 5/10. En bref, si le scénario avait été plus malicieux on aurait eu un film plus efficace.