Jean-François Fountaine met sur la touche son adjoint chargé des activités sportives|Fountaine-Fredj Anne-Laure Jaumouillié (PS) et Bruno Léal (UMP) réagissent .
- Jean-François Fountaine entouré de René Bénéteau et de Raouf Fredj, le soir de sa victoire aux municipales.© Photo Photo Xavier Léoty
Publié le 14/11/2014 par Marie-Claude Aristégui
Raouf Fredj est actuellement adjoint au maire de La Rochelle, chargé des activités sportives de la jeunesse. Il ne va probablement pas le rester. Jean-François Fountaine l'a convoqué cette semaine. Il va lui retirer ses délégations. Et il inscrira à l'ordre du jour du Conseil municipal du 28 novembre, un vote pour le déchoir de son titre d'adjoint. Il lui a également proposé de démissionner. Le maire peut retirer des délégations car c'est lui qui les accorde. En revanche, il lui est impossible de retirer à un élu son titre d'adjoint. C'est le Conseil municipal qui installe un adjoint par un vote. Il lui incombe donc de le destituer ou non.
« Le fonctionnement de Raouf Fredj est incompatible avec son rang d'adjoint, explique le maire. Il s'est isolé au sein de la municipalité, notamment en contestant les propos de l'adjointe Soraya Ammouche. » À ce propos, Jean-François Fountaine rappelle que les adjoints chargés des quartiers de Mireuil et Villeneuve sont respectivement Soraya Ammouche et Michel Carmona.
« C'est incompatible »
Jean-François Fountaine n'a pas non plus apprécié la pression mise par Raouf Fredj pour que la mairie verse une subvention de 450 000 euros à une association (ATE) créée au mois d'août et qui aurait pour vocation d'accompagner les jeunes dans les quartiers de Mireuil et de Villeneuve.
Dans nos colonnes (édition du vendredi 7 novembre), Raouf Fredj avait en effet expliqué que cette association était indispensable et qu'il la soutenait. Le maire explique que toutes les associations rochelaises seront traitées avec égalité.
Par ailleurs, Jean-François Fountaine constate que Raouf Fredj est « très peu présent dans les réunions municipales » où les projets sont évoqués, où l'on discute des problèmes, des besoins, des décisions à prendre. L'adjoint concerné ne niait pas être peu présent à la mairie mais affirmait être « omniprésent sur le terrain ».
« Trop absent »
Ce n'est pas l'avis du maire : « Il est très peu présent sur le terrain. Il n'est jamais là. J'ai appris par “Sud Ouest” qu'il était revenu du Maroc, je l'ignorais. »
« Je veux une équipe municipale avec de la cohésion et c'est le cas, poursuit Jean-François Fountaine. Je ne veux pas mettre à mal cette cohésion en raison de l'attitude d'un adjoint. » Quand on lui demande s'il regrette d'avoir choisi comme adjoint Raouf Fredj, le maire de La Rochelle répond : « Quand on renouvelle une équipe municipale à 80 %, on ne peut pas connaître à l'avance le comportement de tous. C'est une déception, bien sûr. Mais je peux dire que j'ai une équipe formidable, très soudée et très dévouée. Tous travaillent beaucoup. Et je veux justement préserver cette ambiance, cette cohérence. »
Raouf Fredj a très mal pris cette décision. « Mon titre d'adjoint ne peut pas m'être enlevé par le maire, c'est au Conseil municipal d'en décider », dit-il. C'est un fait mais Jean-François Fountaine ne l'ignore pas. Ce sujet sera justement inscrit à l'ordre du jour du Conseil municipal.
Raouf Fredj a l'intention de faire une déclaration le jour de ce Conseil, soit le 28 novembre. Et même de tenir conférence de presse ensuite.
« Comme une marionnette »
Il ne veut pas dire maintenant s'il démissionnera ou pas. Mais déjà, il affirme avoir été « insulté par des élus ». Et poursuit : « Aujourd'hui, on m'accuse de communautarisme alors que j'ai toujours travaillé avec tout le monde. On me traite comme un animal en cage. À la mairie, je n'avais droit à rien, aucun service, aucun budget. C'est inadmissible de s'être servi pour des élections d'un jeune que l'on considère après comme la marionnette de service. »
Jean-François Fountaine rappelle qu'il n'est pas allé chercher Raouf Fredj. « C'est lui qui est venu me voir », dit-il. C'est une réalité. Lors de la primaire destinée à départager les deux candidats socialistes aux élections municipales (Anne-Laure Jaumouillié et Jean-François Fountaine), Raouf Fredj soutenait Anne-Laure Jaumouillié. Elle a gagné cette première étape mais Jean-François Fountaine s'est maintenu et a remporté les élections. Au lendemain de cette primaire, Raouf Fredj s'était dit déçu par l'attitude d'Anne-Laure Jaumouillié et il était allé proposer ses services à Jean-François Fountaine mais aussi à Dominique Morvant, candidate UMP.
Raouf Fredj précise en outre que lui-même et ses amis dont Nadia Bahri (vice-présidente de l'association ATE) ne soutiendront plus jamais « des candidats comme Jean-François Fountaine et Olivier Falorni. Nous soutiendrons des jeunes. On le verra pour les élections cantonales. »
« Un casting pas solide »La rumeur a vite couru, les élus du Conseil municipal ont été informés de la décision de Jean-François Fountaine à l’égard de Raouf Fredj.
« Ce n’est pas étonnant. Je ne suis pas surprise, je m’y attendais mais je ne pensais pas que cela se produirait au bout de six mois », déclare Anne-Laure Jaumouillié, PS, conseillère municipale, chef de file du groupe « Rassemblement à gauche ».
Elle a connu Raouf Fredj pendant la primaire et précise : « J’ai vu sa façon d’aborder la politique. Avant la fin de la campagne pour cette primaire, je lui avais dit que je ne voulais pas travailler avec lui. »
Si lors du Conseil municipal la question est posée, Anne-Laure Jaumouillié votera en faveur de la destitution de Raouf Fredj, et elle expliquera pourquoi. « C’est aussi au maire de se remettre en question, ajoute-t-elle. Raouf Fredj est également allé voir Dominique Morvant. Et c’est Jean-François Fountaine qui a accepté de le prendre sur sa liste. Voilà ce qui arrive quand on veut composer une équipe qui ne repose sur aucun socle commun. »
Bruno Léal (groupe UMP et centre) annonce que ses colistiers ne prendront pas part au vote concernant Raouf Fredj. « Cela ne nous concerne pas. Jean-François Fountaine paye maintenant sa cuisine électorale peu clairvoyante. C’est long, un mandat de six ans. Il faut être sûr que l’on va s’entendre sur des projets. Je constate que le casting n’était pas solide. Ce n’est pas sérieux. Le jour de l’élection, j’ai pris la parole pour dire que la majorité de Jean-François Fountaine n’était ni solide, ni cohérente. Je me suis fait huer par cette majorité. Je constate maintenant que je n’avais pas tort. » Bruno Léal prendra encore la parole le 28 novembre pour demander au maire de « présenter sa version ».