Une écriture couleur de deuil par Antoine Viader

Publié le 14 novembre 2014 par Balatmichel

Pourquoi écrire ? Comment écrire ?

Plus particulièrement, pourquoi et comment écrire quand on a travaillé dans la psychiatrie et qu'on s'est frotté à la psychanalyse ?

Raymond Roussel avait écrit, un livre parmi d'autres, où il expliquait : « Comment j'ai écrit certains de mes livres ».

Je n'ai nullement l'ambition de me comparer à cet auteur que les surréalistes on considéré comme l'un de leurs précurseurs.

Plus modestement, je me suis interrogé sur les occasions qui m'ont amené à écrire quelques textes, ou plutôt, à recommencer à écrire après une interruption de dix ou douze ans. Cette interruption a été due, d'une part, à la retraite en 2001, c'est-à-dire, n'être plus sur le terrain, auprès des malades et des soignants, et d'autre part, à cause d'une maladie, certes transitoire, mais avec quelques séquelles.

Ces occasions m'ont été fournies par le séminaire qu'on avait créé il y a plus de vingt-cinq ans (à peu près à la même époque où on a crée aussi l'AMPI). Le séminaire a continué au fil des années avec d'autres participants mais toujours avec Jaques Tosquellas, quelques autres fidèles, dont Alain Abrieu et moi-même.

Donc, j'ai recommencé à écrire pour ce séminaire ce qui entraîne aussi un certain style. Pour un séminaire, on écrit un texte, ou simplement des notes, et on en parle sans lire exactement ce qu'on avait écrit. Ce qui permet des interruptions, des questions, d'autres apports, des contestations etc. Ce qui enrichit ce travail. De plus, l'auteur du texte, ou des notes, parle aussi d'autre chose, provoquées par les autres participants, par des associations d'idées, d'autres souvenirs etc.

Donc, dans cet espace partagé, je propose une première hypothèse : j'ai dit m'être frotté à la psychanalyse, en tant que psychiatre et aussi patient ou analysant. Alors, je me suis dit, que celui qui parle à d'autres est en position d'analysant, et ceux qui écoutent sont en position d'analyste. Peu importe les statuts. Ce qui compte, je pense, c'est la parole qui, dans les échanges, entraîne inévitablement le transfert. Parfois ça accroche, ou ça prend, parfois non... Je vais essayer de m'appuyer sur quelques souvenirs de François Tosquelles : François Tosquelles me disait : « une analyse bien amorcée, peut continuer toute seule ». C'est une ouverture pour accueillir les échanges autrement, les paroles des autres, mais aussi, les paroles même du sujet.

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