La marine à voile, de jour .. et de nuit

Le tres Hombres en escale à Douarnenez – Photo Erwan-Foto.com

Les lecteurs d’ecolopop connaissent sans aucun doute le Tres Hombres, fameux 3 mats emblématique d’un renouveau mené par l’entreprise TOWT, Transoceanic Wind Transport, l’une des nombreuses initiatives de relance de la marine marchande à voile. Le navire, en escale à Douarnenez, repartira bientôt pour une traversée de l’atlantique avec une cargaison de vin,  après y avoir livré  chocolats,  rhums, et   bières biologiques, directement livrées des cotes du Devon, en Angleterre. Ce fut pour nous l’occasion d’une première rencontre, après plusieurs années de correspondance électronique.

Tres Hombres en escale à Douarnenez – Crédit photo erwan-foto.com

Des entreprises vivantes, une histoire humaine

Au delà du gain écologique, l’arrivée d’un bateau comme le Tres Hombres dans une ville comme Douarnenez ne passe pas inaperçu. 

La cité aux 3 ports  attire de nombreux spécialistes du patrimoine maritime, encouragés par une tradition désormais bien ancrée de  recherche, conservation. Une tradition   festive, aussi,  avec les rassemblements de vieux gréements qui ont lieu régulièrement depuis plusieurs dizaines d’années. Les formations de charpente marine qui se tiennent en session annuelle sont, avec le port musée,  des institutions réputées à l’international, et participent à faire vivre et partager les techniques anciennes de construction maritime.

Ce beau tableau ne serait toutefois complet sans l’émergence récente de véritables initiatives commerciales, comme en témoigne l’entreprise TOWT, qui depuis plusieurs années développe avec succès le transport de fret entièrement basé sur la marine à voile. Le Très Hombres, trois mats construit dans les années 40 sur un chantier hollandais, est en escale à douarnenez pendant ce mois de novembre, il est l’objet de toutes les attentions, il attire les promeneurs et, fidèle à une tradition cette fois multi séculaire, il replace l’humain au coeur des affaires.

Douarnenez By Night

Arjen, capitaine du Tres Hombres, au piano – photo Diana Mesa – TOWT

19H, Port Rhu, au bar le Tribord. Le patron annonce la couleur: Arjen, capitaine du Tres Hombres, vient de sortir du bateau … son piano… Lancé par quelques notes d’accordéon, une  pizza avalée, Arjen entame une série de mélodies qui mettent le public en danse. La  magie opère et c’est en toute simplicité que se déroulent les choses, comme elles ont pu se dérouler pendant des siècles dans un port de commerce. Alice, 11 ans, pourra désormais en témoigner : elle n’est pas prête d’oublier sa soirée, convaincue désormais que les romances qu’elle découvrait dans les livres ont une réalité tangible, et que marine marchande peut se conjuguer avec quelques notes d’éducation musicale, mais aussi avec beauté et fête.

Un modèle économique et sociétal

Des premières fêtes maritimes des années 80 aux débarquements de marchandises équitables sur le port Rhu, on mesure ainsi le chemin accompli vers la construction d’alternatives viables au modèle dominant, qui voit les routes maritimes comforter les installations industrielles comme celle de la Nothern Range, qui dessert l’Europe : Le Havre, Rotterdam, Dunkerke. Qui a déjà mis les pieds dans ces no man’s land questionne  ainsi le progrès accompli en quelques siècles avec la mécanisation et la généralisation du trafic maritime à base de pétrole. La Bretagne voit quotidiennement des milliers de porte containers géants passer au large de ses côtes, les polluer régulièrement, mettre en danger les petites embarcations… Le développement d’entreprises viables comme TOWT, basées sur le cabotage et la marine à échelle humaine, redonnera-t-elle à la vieille cité d’Ys, joyau de l’atlantique nord, la vitalité qu’elle mérite ?

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