Facilités administratives, appétence pour la nouveauté, la Suède attire les start-ups au début de leur vie. Mais celles-ci cherchent vite à décoller pour viser un marché plus grand.
Entretien dans le cadre de l’émission L'Atelier numérique sur BFM Business avec Antoine Heftler, le PDG d'IBaround. Cette startup lancée en Suède développe une solution de reciblage marketing utilisant les iBeacons laquelle solution aide les clients à délivrer du contenu segmenté en un lieu et un moment précis.
L’Atelier : Après avoir travaillé en Inde, des raisons personnelles vous ont conduit en Suède. Vous avez décidé d’y créer votre start-up il y a deux ans. Cela a-t-il été facile?
Antoine Heftler : Oui parce qu’une journée suffit entre la demande de création d’une société et sa naissance. Tout est en anglais donc pas besoin de parler le suédois. Et l’administration est réactive et disponible.
L’Atelier: Cela fait rêver mais n’est-ce pas tout simplement lié au fait que c'est un petit pays ?
Antoine Heftler: C'est un petit pays avec sept fois moins d’habitants qu’en France. Mais je pense que c'est aussi lié au fait que les Suédois sont non seulement inventifs et exigeants dans la qualité, mais aussi rapides dans l’exécution. Cela se manifeste dans leur architecture, le design, ou les nouvelles technologies.
L’Atelier: De quoi se compose l’écosystème ? D’incubateurs, d’accélérateurs ? Qu'est-ce qui stimule comme ça l’innovation ?
Antoine Heftler : Il y a des d’aides financières de la part des organismes publics ou privés, puis des aides stratégiques avec beaucoup d’incubateurs. On constate beaucoup d’émulations entre les start-ups. On a des rendez-vous mensuels en public pour présenter les dernières start-ups à des fonds d’investissement. C'est un marché dynamique.
L’Atelier: Les start-ups créées visent-elles le marché domestique ou bien tout de suite international?
Antoine Heftler : Au départ, le marché reste domestique. Ce marché national étant assez riche et dynamique, cela en fait un excellent incubateur pour les nouveaux projets. Donc on trouve beaucoup de petites sociétés ici comme iZettle, le concurrent de l’Américain Square. On voit finalement assez peu de sociétés de taille moyenne. Généralement, une fois que les start-ups ont grandi, elles s’en vont d’ici. Prenons l’exemple de King, le créateur du célèbre jeu Candy Crush, parti à Londres. Spotify, qui est aussi né ici, a également rejoint Londres. SoundCloud a, pour sa part, quitté la Suède pour Berlin.
L’Atelier: Cela signifie que rien ne les incite à rester dans le pays ?
Antoine Heftler: Je pense qu’il y a une question de coût ; à commencer par le coût de la vie très élevé. Sans compter que les salaires sont beaucoup plus élevés que dans la majorité du reste des pays de l’Europe.
L’Atelier: Quid de la fiscalité en Suède, est-elle lourde ou pas ?
Antoine HEFTLER : La fiscalité est beaucoup plus simple. Et elle est moins lourde au niveau des entreprises qu’au niveau social.
L’Atelier: Qu’est-ce qui conduit les start-ups à regarder vers le Royaume-Uni ou même les États-Unis ?
Antoine Heftler : La taille du marché.
L’Atelier: Vous-même avec votre start-up, vous visez le marché suédois ou un marché plutôt européen ? Envisagez-vous même de quitter la Suède ?
Antoine Heftler : Mon associé et moi sommes des globe-trotters si bien que le but est de sortir du marché suédois rapidement. Le marché suédois est, encore une fois, une bonne opportunité pour tester les produits. Pour ce qui concerne notre société, on a commencé à tester ici. Et en quelques semaines on a eu des clients qui sont à l’étranger, en Europe et en Moyen Orient. Donc je dirais que naturellement on va viser plutôt l’international.
L’Atelier : Les Suédois sont plutôt des "early adopters" en ce qu’ils aiment tester immédiatement les nouvelles technologies ?
Antoine HEFTLER : Absolument. Et ce n'est pas que dans les nouvelles technologies. Dans la gastronomie, l’architecture…
L’Atelier: Et pour ce qui est de la culture entrepreneuriale... Le jeune Suédois se précipite-t-il à la fin de ses études pour fonder et donner vie à son projet ou bien préfère-t-il rejoindre un grand groupe?
Antoine Heftler: Les deux cas, en réalité. Une vie dans une grande entreprise est très confortable. L’entreprise, et le système en général, s’occupent très bien de vous. Mais il y a une frange de la population jeune qui se lance dans les start-ups. Elle s’y lance assez jeune finalement. On rencontre beaucoup de jeunes entrepreneurs entre 18 et 22-23 ans.