Développés à l’origine pour protéger les femmes en Afrique sub-saharienne parfois dans l’impossibilité de négocier des rapports sexuels protégés, les gels microbicides de première génération s’avèrent en réalité inefficaces voire dangereux, certains favorisant même une augmentation de la transmission du VIH. C’est ce que révèle cette étude, publiée dans la revue Science Translational Medicine, qui met en lumière les raisons de cette inefficacité et propose le développement d’un nouveau virucide qui élimine cet écueil dramatique.
Le sperme est donc désigné ici comme un facteur majeur d’inefficacité des gels virucides, permettant d’expliquer les différences de résultats de médicaments anti-VIH constatées entre les essais de laboratoire et les essais sur l’Homme. Le Dr Nadia Roan, chercheur au Gladstone, professeur d’urologie à l’Université de Californie, San Francisco (UCSF) et co-auteur de l’étude, rappelle que le sperme favorise le processus d’infection à VIH, mais rappelle aussi que jusque-là on ignorait son effet réducteur sur l’efficacité antivirale des microbicides.
Lorsque les chercheurs testent l’efficacité de différents types de microbicides contre le virus du VIH sur des cellules exposées à la fois au VIH et au sperme, ils constatent des taux d’infection à VIH environ 10 fois plus élevés que chez des cellules seulement exposées au virus. Sur les cellules exposées au sperme, les différents virucides peuvent s’avérer jusqu’à 20 fois moins efficaces…
Or le sperme favorise l’infectiosité : En cause dans ce processus, des agrégats ou fibrilles de protéines amyloïdes. Le VIH se lie à ces fibrilles, se regroupe et augmente sa capacité infectieuse ce qui réduit l’efficacité antivirale des microbicides. Il va donc falloir cibler l’amyloïde dans le sperme pour améliorer l’efficacité du médicament. Le concept proposé par les auteurs est donc un microbicide qui combine à la fois un ARV et des composés capables de décomposer ces fibrilles amyloïdes dans le sperme. Il s’agira enfin de bien effectuer les tests de laboratoires avec présence de sperme.
Les implications cliniques de cette étude sont donc essentielles, à la fois pour apporter réellement aux femmes cette alternative prophylactique mais aussi pour toutes les recherches à venir sur les gels virucides.
Source: Science Translational Medicine 12 November 2014 DOI: 10.1126/scitranslmed.3009634 Semen enhances HIV infectivity and impairs the antiviral efficacy of microbicides (Visuel FDA)
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