Première photo prise depuis le sol d’une comète ! C’était le lever du Soleil pour Philae lorsqu’il a imagé son environnement. Il semble qu’il soit un de travers et bloqué par un rocher. Après 2 rebonds, Philae ne s’est pas posé à Agilkia. A l’endroit quand même et ne s’est pas beaucoup enfoncé. Les données affluent…
Après un périple de 10 ans qui l’a conduit jusqu’à la surface d’une comète en pleine activité, le robot Philae a réussi son atterrissage non sans rebondissement, le mercredi 12 novembre 2014. Un jour historique. « C’est un immense succès, un immense soulagement » a clamé Philippe Gaudon, chef de projet Rosetta au CNES.
Nous sommes sur une comète ! Après 10 ans de voyage et plus de 6,4 milliards de km parcourus, la sonde spatiale Rosetta a larguée avec succès, le mercredi 12 novembre à 9h35 mn et 33 s, le petit robot de 100 kg (son poids sur Terre) Philae.
« L’une des plus grandes incertitudes pesant sur le largage de l’atterrisseur était la position de Rosetta au moment du déploiement, soumise à l’influence de l’activité cométaire à ce moment précis, qui aurait pu modifier également la trajectoire de l’atterrisseur », explique Sylvain Lodiot, responsable de la conduite des opérations de Rosetta à l’ESA, « …dans un environnement que nous connaissons à peine, à 510 millions de kilomètres de la Terre ».
La caméra OSIRIS de Rosetta a photographié Philae, quelques instants après son largage, confirmé le 12 novembre à 10h03 (heure française) ; émouvant !
« La chaloupe a quitté le vaisseau » dixit André Brahic. Après un suspense insoutenable qui a duré plusieurs heures — la tension et le stress étaient palpables (et c’est bien naturel) sur les images retransmises en direct depuis le centre de contrôle de Darmstadt —, celui-ci a posé ses trois pieds sur la comète Churyumov-Gerasimenko alias « Chury », « Tchouri », 67P ou encore 67P/C-G, après une chute libre de sept heures… Quand le mot Touchdown s’alluma sur les écrans de contrôle au CNES et à l’ESA, ce fut l’explosion de joie pour tous les ingénieurs et chercheurs qui ont participé à l’élaboration de cette mission, naît à la fin des années 1980. Loin d’être terminé, le suspense se prolongea encore en cette fin d’après-midi, lorsqu’on apprit que les harpons n’avaient probablement pas fonctionné et que le robot risquait d’avoir rebondi.
Il était 15h38 (heure de Paris), le 12 novembre 2014, quand la caméra ROLIS de Philae a photographié son site d’atterrissage, à 3 km d’altitude
Rebondissements. Pour avoir, dans chaque cas, une confirmation des opérations, les techniciens devaient attendre au moins 28 minutes que les données transmises parcourent les 510 millions de km qui nous séparaient alors de la comète. Il y a bien eu un premier contact avec le sol, à l’heure annoncée puis un rebond et encore un autre un peu plus tard… Sur la comète, il ne pèse plus qu’un gramme ! Aussi @Philae2014 a-t’il vraiment eu beaucoup de chances : dans un tweet posté ce 13 novembre à 10h30, le lander confie avoir toucher le sol de « Churry » à 16h33, 18h26 et enfin à 18h33, après une descente en douceur à une vitesse de 1 m par seconde ! A présent, il va bien et semble stabiliser. La première image jamais réalisée de l’histoire humaine du sol d’une comète a été transmise (via Rosetta qui continue d’escorter le noyau cométaire) avec succès.
Selon Francis Rocard, chercheur au CNES et chargé de l’exploration du Système solaire, Philae « ne s’est enfoncé que de 4 cm, ce qui est très peu. Si le sol avait été dur, on aurait subit un violent rebond ».
La pile embarquée de Philae lui permet de travailler sur le site choisi, désormais nommé Agilkia, durant quelques heures, jusqu’à ce vendredi 14 novembre au soir selon les estimations. Après cela, si tout va bien, une batterie chargée par ses panneaux solaires prendront le relais, lui assurant alors une activité pour plusieurs semaines voire mois. Face à cette incertitude, le premier atterrisseur de l’histoire de l’exploration spatiale à pouvoir étudier une comète in situ est actuellement très occupé à effectuer toutes les opérations programmées au moyen de ses 10 instruments. Cela fait plus de 10 ans qu’on attend cela. « Après un périple qui aura duré plus de 10 ans, nous allons pouvoir procéder aux analyses scientifiques les plus pointues jamais réalisées sur l’un des plus anciens vestiges de notre Système solaire » commente Alvaro Giménez, directeur science et exploration robotique à l’ESA.
« Rosetta lève le voile sur les origines de notre planète Terre et va nous aider à mieux appréhender notre avenir. L’ESA et ses partenaires ont aujourd’hui réalisé un véritable exploit »
Dernières nouvelles (midi, conférence de presse du CNES)
Selon les dernières nouvelles divulguées par le CNES à l’occasion d’un point presse, le 13 novembre à midi, après une nuit de travail, d’analyses, Philae n’aurait donc pas réussi à se harponner comme prévu et ne s’est pas posé sur le site d’Agilkia. Il serait contre un rocher, plus ou moins bloqué et reçoit assez peu de Soleil (environ 1h30 par jour ; un jour sur la comète dure 12,4 heures). Il est toutefois au-dessus du sol et non enfoncé. Les chercheurs ont confié que la cueillette de données est déjà merveilleuse et qu’ils ne peuvent encore rien dire à ce sujet. Philae se porte bien et a donc déjà prospecté toute la nuit. 8 instruments sur 10 fonctionnent. De nouveaux plans sont à l’étude. La feuille de route de la mission a quelque peu changé.
> Conférence de presse de l’ESA à 14h.