Respire // De Mélanie Laurent. Avec Joséphine Japy, Lou de Laâge et Isabelle Carré.
Présenté lors de la semaine de la critique au Festival de Cannes 2014, Respire est un film qui arrive 4 ans après le sympathique Les Adoptés (le premier long métrage de Mélanie Laurent derrière la caméra). Adapté d'un roman d'Anne Sophie Brasme, le film passe d'une première partie un peu trop bobo-trompeuse à une seconde partie iconique et brillante. Comme quoi… Ce que j'ai bien aimé c'est que Mélanie Laurent évite de tomber dans les clichés d'une génération ou bien dans le téléfilm de comptoir. C'est un joli film et ce même si la première partie n'a de cesse de nous mettre en scène des séquences contemplatives pas toujours nécessaires. Ce sont donc bien souvent des moments photographiques comme cette très jolie photo de Charlie dans un champ où la caméra se retrouve éblouie par le coucher de soleil ou encore cette séquence où Sarah danse au ralenti sur des sons que l'on pourrait retrouver dans un film de Sundance. Je ne vais pas critiquer Mélanie Laurent pour tenter de faire des choses qu'elle aime bien dans son film mais disons que cela ne sert pas forcément le propos.
Charlie, une jeune fille de 17 ans. L’âge des potes, des émois, des convictions, des passions. Sarah, c’est la nouvelle. Belle, culottée, un parcours, un tempérament. La star immédiate, en somme. Sarah choisit Charlie.
Ce qui permet de contrebalancer cette première partie légèrement décevante c'est la seconde qui est tout simplement brillante. Du début à la fin, la seconde partie parvient à nous raconter l'histoire de Charlie et Sarah, de la façon dont cette amitié va devenir destructrice pour Charlie et comment Sarah va tirer la couverture à son avantage, encore et encore, jusqu'à ce que Sarah perde complètement pied. C'est un film très actuel sur le harcèlement au lycée et la façon dont l'amitié peut finalement faire des ravages sur la vie de quelqu'un. Le jeu qu'il y a derrière est un jeu pervers mené d'une main de fer par Sarah (incarnée par une Lou de Laâge pimpante et brillante). Mais la vraie surprise ce n'est pas elle, c'est Charlie incarnée par Joséphine Japy (Cloclo, Le Moine). On va petit à petit la découvrir sous le prisme de l'adolescente qui perd peu à peu ses repères, ses amis, sous le couvert d'une petite phrase qui va permettre à Sarah de prendre la place de Charlie, de se construire un cocon d'où Charlie serait tout bonnement exclue. L'autre bonne idée du film c'est le fait qu'il n'y ait pas morale. Tout ce qui se passe est fait pour que justement on ressente plus que jamais la destruction d'un personnage : Charlie.
Petit à petit on va comprendre ce que le film veut réellement nous montrer et à côté on a nous aussi envie de mordre dans le lard et de dire à Sarah tout ce que l'on pense d'elle. Sarah est une jeune fille égoïste, capable de tout simplement pour se faire aimer et qui est même capable de détruire celle qu'elle disait être son amie au départ. Respire est un film peut-être plus abouti que Les Adoptés dans le sens où Respire est un film un peu moins simpliste et que Mélanie Laurent réussi à en faire quelque chose de singulier et beau à la fois. Je ne suis pas d'accord avec tous les parti-pris artistiques mais globalement je ne peux pas nier le fait que la beauté de ce drame se vit au travers de ces personnages et du confinement que le film semble créer autour d'eux. Petit à petit on sent que Respire ne laisse plus que Charlie dans le sillage de la caméra, comme si tous les autres avaient disparus. Et cela fonctionne si bien que l'on aurait pu en demander encore un peu plus. C'est beau et dur à la fois, sans se casser les dents.
Note : 7.5/10. En bref, si je ne suis pas d'accord avec la première partie qui semble être uniquement là pour lécher les bottes d'une intelligentsia, la seconde partie est brillante à souhait.