Titre original : [REC] 4
Note:
Origine : Espagne
Réalisateur : Jaume Balagueró
Distribution : Manuela Velasco, Paco Manzanedo, Héctor Colomé, Maria Alfonsa Rosso, Ismael Fritschi, Emilio Buale, Crispulo Cabezas, Mariano Venancio…
Genre : Horreur/Épouvante/Suite/Saga
Date de sortie : 12 novembre 2014
Le Pitch :
Une équipe de soldats d’élite est envoyée dans le vieil immeuble de Barcelone, quelques heures après le début des événements qui ont transformé tous les locataires en créatures enragées. Alors qu’ils posent des explosifs un peu partout, les hommes retrouvent saine et sauve, Angela, la journaliste dépêchée sur-place avec les pompiers au début de l’épidémie. Cette dernière est alors enfermée manu militari sur un cargo de haute sécurité au beau milieu de la mer. Un bastion parfait pour étudier le virus, et pratiquer des tests sur la jeune femme. Mais rien ne se passe comme prévu et rapidement, la situation dégénère salement…
La Critique :
Quoi que l’on pense du procédé found footage, il faut reconnaître le statut privilégié du premier [Rec], lui qui demeure l’un des meilleurs exemples du genre, aux côtés du Projet Blair Witch. Mais depuis 2008 et la sortie en France du long-métrage, les films en found footage se sont multipliés. Beaucoup ont surfé sur la vague, souvent sans succès, prouvant à quel point il était difficile de bien exploiter les codes du genre et du même coup en fatiguant le public. Jaume Balagueró, lui qui avait remarquablement assimilé les mécanismes de l’exercice, a donc choisi de laisser tomber le found footage de manière quasi-définitive pour orchestrer la conclusion de la saga [Rec], confirmant en cela la tendance amorcée par l’épisode précédent réalisé par Paco Plaza (le co-réalisateur du premier volet), qui, rappelons-le, abandonnait la caméra suggestive en cours de route, pour adopter une mise en scène classique. Si on fait donc exception de quelques plans issus de caméras de surveillance et des images tirées du premier volet, [Rec] 4 repose sur une mise en scène traditionnelle et c’est tant mieux.
Jaume Balagueró est ainsi de retour en solo à la réalisation de ce qui devrait être l’ultime chapitre de la saga horrifique, après avoir laissé son compère Paco Plaza nous proposer avec [Rec] 3, un mélange de gore et de comédie, pas franchement apprécié, mais pourtant relativement sympathique. Ici, Balagueró revient aux fondamentaux et ne tient pas franchement compte du troisième épisode, si ce n’est au travers d’un personnage -sans intérêt- et de quelques allusions rapides. Une façon en soi de confirmer une volonté de revenir à l’horreur pure et de renouer avec l’esprit sauvage des débuts.
Car le réalisateur ne veut plus se marrer. Il veut envoyer du lourd. Foncer dans le tas sans s’encombrer du found footage et offrir à sa saga un bouquet final apocalyptique, comme le sous-titre du film le souligne justement.
Manuela Velasco, alias Angela Vidal, qui peut être considérée comme l’héroïne de la série, est de retour au centre de l’intrigue et l’action a été déménagée sur un bateau au beau milieu de la mer. Ce qui au fond ne change pas vraiment grand chose, mais qui apporte en effet une touche de « fraicheur », à l’instar du troisième épisode, qui se déroulait quant à lui à l’air libre, pendant un mariage. Dans une atmosphère qui rappellera aux gamers le jeu Cold Fear, [Rec] 4 déroule une intrigue classique et prévisible, et se concentre sur l’efficacité. Peu importe alors, car au fond, tout le monde a l’air de se moquer que le film soit cousu de fil blanc. On sait très bien que les scientifiques ne vont pas contenir le virus et que leurs tentatives pour contrôler la situation vont foirer. Et oui, car sinon, pas de film. Il faut que le virus s’échappe et pour cela, il faut donc qu’on lui donne l’opportunité de sortir, quitte à faire passer ces mêmes scientifiques pour des crétins, et entamer au passage la crédibilité d’une histoire prétexte, dont les ressorts exploitent à fond des clichés éculés, qui ont fait néanmoins leur preuve, quant il s’agit de justifier une violence sauvage propre à des giclements de sang bien dégueux.
Et au fond, ça marche. [Rec] 4 ne fait pas dans la dentelle. Balagueró sait qu’il ne bénéficie plus de l’effet de surprise depuis un bail, et tente de répondre aux attentes du public. Très vite, le film se fait alors brutal et gore, profitant de la réalisation classique pour multiplier les plans craspecs. Manuela Velasco quant à elle, passe du statut de victime à celui de femme d’action, débardeur blanc à la John McClane à l’appui. Sexy et badass, la comédienne s’amuse et nous avec, tant tout ce beau monde ne va pas chercher midi à quatorze heures. Souvent invraisemblable, sur-joué, parfois un peu con, quand même assez drôle, [Rec] 4 a pour lui de livrer un spectacle purement horrifique, sans tambour ni trompette, sans se prendre la tête, tout en exploitant il est vrai, assez bien, son cadre claustrophobique. L’apocalypse annoncée est finalement assez modeste mais tant pis, car le show ne manque pas de mordant. On pourra certes toujours continuer à affirmer que le premier est supérieur et que depuis, la saga n’a fait que se répéter, mais au fond, même si c’est en effet le cas, rien n’empêche de toujours trouver le truc divertissant. Et cet ultime opus, en montant dans les tours, offre à la saga [Rec] un dernier tour de piste plein de fougue, quoi qu’il en soit plus extrême et rageur que la majorité des œuvres du genre qui sortent en salle tous les ans.
@ Gilles Rolland