Par Bernard Vassor
Un chimiste français, M. Courtonne, a déposé hier, à l'Académie des sciences, sous pli cacheté, et afin de prendre date, la description d'un appareil semblable qu'il appelle «le téléphote ».
Affirmation trouvée dans plusieurs journaux ou revues.
Cette gravure éditée en 1889, présente une invention qui va révolutionner le monde de la communication. L'appareil que nous voyons permettra de visionner à des milliers de lieues de distance les ouvres jouées à l'Opéra de Paris, ou les pièces de théâtre jouées aux quatre coins du monde.
La distance ne sera abolie que de nom, ou du moins par manque de contact.
C'est ce qu'annoncent dans des termes identiques plusieurs journaux, revues scientifiques plus ou moins sérieux. Cette annonce est même relayée par un journal Belge. Un certain Courtonne dit avoir déposé un pli cacheté concernant un appareil qu'il a appelé (après d'autres) le "téléphote" qui permet de voir à distance, comme le téléphone permet d'entendre et ainsi de joindre l'audition à la vision.
C'est l'annonce de la venue à Paris de Thomas Edison qui a précipité les annonces. L'inventeur américain a annoncé que de son côté il avait inventé un instrument similaire qui serait finalisé dans les deux ans. Ce à quoi, Courtonne a annoncé qu'il rendrait publique son invention avant la fin de l'année 1889.
Jusqu'à aujourd'hui (en 2014) il n' a été trouvé aucune trace d'un pli ou d'un paquet cacheté, que ce soit à l'Académie des sciences ou à la Société d'encouragement.
Déjà, en 1881, une revue un article annonce dans "La nouvelle Revue" :
le 24 septembre 1881, dans le Palais même de l'Exposition, sir Shelford Bidwel entretient la Société des ingénieurs civils de Londres du téléphote, c'est-à dire de l'appareil qui permet de reproduire à plusieurs kilomètres l'image des objets.
De son côté, Le Figaro annonce, dans un article dithyrambique de Georges Robert, intitulé "SaMajesté Edison" paru le 8 août 1889, l'arrivée de l'inventeur américain à Paris à l'occasion de l'Exposition universelle. Sa visite est comparée à celle du Shah d'Iran, qui a eu lieu quelques jours plus tôt et critique le Président de la République Carnot de ne pas réserver à Edison l'accueil qu'il mérite(...)
Ce journal consacra de nombreux articles à la gloire de l'inventeur américain en affirmant sans apporter la moindre indication que le grand homme "s'était déjà occupé du téléphote".