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"Le son infiniment pur était sans faille. Porté par le vent froid du matin, il continuait à danser au-dessus de sa tête."
Ce que j'ai aimé :
Quand meurt celui qui était surnommé "Le monsieur aux petits oiseaux", les habitants du quartier se rendent compte que "presque aucun d'eux ne savait qui était ce monsieur aux petits oiseaux." Ils le connaissaient de vue, mais peu lui avaient vraiment adressé la parole. Seuls les oiseaux semblent rendre un hommage funèbre à cet homme hors norme qui savait si bien leur parler.
Il fut un temps où ce Monsieur aux petits oiseaux avait un frère qui pouvait converser avec les oiseaux, qui passait ses heures à les observer dans la volière du jardin d'enfants voisin, un frère qui parlait une autre langue, inconnue, étrange, que seul son cadet pouvait comprendre. Un langage proche de celui des oiseaux, un langage qui le rleie au monde mais l'éloigne des humains. Une relation tendre et privilégiée s'établit entre les deux frères.
"Il s'aperçut bientôt qu'il considérait son aîné comme un oiseau migrateur épuisé. Les mots inventés par son frère étaient semblables aux itinéraires suivis par les oiseaux. Personne ne comprenait pourquoi ils se mouvaient là, si leur forme avait une signification, ni où ils les menaient." (p. 121)
A la mort des parents, ils vivront ensemble, leur vie étant construite de rituels comme la sucette de pawpaw du mercredi, les voyages imaginaires, l'observation des oiseaux. Ils se construiront un monde à eux, préservé, heureux, leur différence et leur solitude les nourrissant l'un l'autre.
Une tendresse infinie court dans ces pages, une poésie qui s'attache à l'infime, au pépiement des oiseaux, à la quiétude d'une roseraie ou au plaisir de lire.
"Il voulait connaître les formes des étoiles reliées entre elles et ce qui servait aux oiseaux de fil conducteur dans leurs yeux infinement noirs et profonds, qui ne reflétaient rien de superficiel. Il lui semblait que suivre ces formes le mènerait aux oiseaux de son aîné. L'unique embarcation que seul son frère pouvait manoeuvrer s'était éloignée de lui, finissant par disparaître au fil de l'eau. Si par hasard il restait un chemin qui pouvait le conduire jusqu'à son îlot, il ne le trouverait pas ailleurs qu'à travers le ciel. Seuls les oiseaux connaissaient l'itinéraire. Seuls les oiseaux savaient déchiffrer les signes." (p. 119)
Un très beau conte sur la différence.
Ce que j'ai moins aimé :
Ne lisez pas la quatrième de couverture qui en dit trop et injustement.
Premières phrases :
"Lorsque mourut le monsieur aux petits oiseaux, sa dépouille et ses afffaires furent contrairement à l'usage promptement débarassées. Il vivait seul et son corps avait été découvert plusieurs jours après le décès."
Informations sur le livre :
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Page
Petits oiseaux, Yôko Ogawa, roman traduit du japonais par Rose-Marie Maino-Fayolle, Actes Sud, septembre 2014, 272 p., 21.8 euros
Note : 3/5
- Qualité de l’écriture : 4/5
- Plaisir à la lecture : 2/5
- Originalité du livre : 5/5