Après avoir co-écrit et co-réalisé « Le prénom » sorti en 2012, Alexandre De La Patellière et Matthieu Delaporte signent le scénario de « Un illustre inconnu ». Cette fois-ci, seul Mathieu Delaporte s’occupe de la réalisation. Mathieu Lassovitz et Marie-Josée Croze tiennent les rôles principaux. « Un illustre inconnu » sort dans nos salles le 19 novembre 2014.
Synopsis : Sébastien Nicolas a toujours rêvé d’être quelqu’un d’autre. Mais il n’a jamais eu d’imagination. Alors, il copie. Il observe, puis imite les gens qu’il rencontre. Il traverse leurs vies. Mais certains voyages sont sans retour.
« Un illustre inconnu » est un tournant dans l’écriture de Alexandre De La Patellière et Matthieu Delaporte. Fini les joutes verbales à l’humour fin, avec ce nouveau long-métrage, les deux scénaristes se plongent dans un personnage aux névroses identitaires profondes. Dans cette optique, ils livrent un scénario intelligent où ils s’amusent des spectateurs, allant jusqu’à proposer une introduction à contre-pied total de ce que l’on peut attendre. Il faut avouer que « Un illustre inconnu » possède un rythme assez contemplatif, mais jamais à tord, puisqu’il accentue à la fois l’atmosphère pesante et la personnalité du personnage, d’humeur très calme. Durant ces une heure et cinquante-huit minutes, le long-métrage amène un questionnement sur ces personnes à l’intérieur vide et qui essayent, par des traits de mimétismes, de se sentir un peu plus vivant … ou quand l’inconnu cherche la reconnaissance des connus, par leurs propres corps.
C’est Mathieu Kassovitz qui interprète Sébastien Nicolas, personnage principal du long-métrage. Il se trouve être assez épatant et arrive à jongler sur les différents personnages avec facilité, tout en leur créant, à chaque fois, une réelle identité. À la manière de son personnage, Mathieu Kassovitz subit une métamorphose. Son jeu d’acteur monte crescendo, allant d’un état de neutralité presque totale à quelque chose de beaucoup plus engagé où les émotions trouvent une place légitime. Le plus étrange est que les personnages usurpés, créée par Sébastien Nicolas, parviennent à mieux exister que les personnages interprétés par les autres acteurs, comme Marie-Josée Croze et Eric Caravaca. Ces personnages deviennent alors des outils, rendant possible la métamorphose du personnage de Sébastien Nicolas, qui deviendra absolu dans l’acte final.
La réalisation de Matthieu Delaporte est très intrigante, tant elle se trouve être très maîtrisée pour un deuxième long-métrage et dans ce qu’elle amène par rapport au fond de l’intrigue. Techniquement, que ce soit la réalisation de Matthieu Delaporte, la photographie de David Ungaro ou encore le montage du long-métrage : tout est pensé et réalisé avec précision pour un rendu impressionnant à l’écran. D’un autre côté, alors que le scénario appuie sur l’apparence des personnages et donc leurs façades extérieures, la réalisation va prôner tout le contraire. Les scènes en extérieures se font très rares et vites bouclées, car ce qui intéresse la réalisation de Matthieu Delaporte tout au long de « Un illustre inconnu » ce sont les intérieurs des appartements. Ces lieux deviennent alors le miroir des personnalités de ces habitants, lieu relevant du caractère du privé que le personnage de Matthieu Kassovitz n’hésitera pas à forcer, comme on forcerait une porte d’entrée.
« Un illustre inconnu » est un tour de force, Alexandre De La Patellière et Matthieu Delaporte livrent un drame réussi de bout en bout. Mathieu Kassovitz s’y révèle grandiose dans sa capacité de transformation, tandis que la réalisation de Matthieu Delaporte s’affirme en adoptant un réel point de vue.
Un illustre inconnu. De Matthieu Delaporte. Avec Mathieu Kassovitz, Marie-Josée Croze, Eric Caravaca, Olivier Rabourdin, Philippe Duclos, Bernard Murat, …
Sortie le 19 novembre 2014.