Les jeux vidéo musicaux ne sont plus vraiment à la mode après plusieurs années de succès commerciaux ininterrompus. Les Rock Band, Guitar Hero et autres titres du genre ont cependant contribué au développement d’un phénomène bien connu des concepteurs de jeux vidéo : la gamification, ou ludification en bon français.
En effet, après avoir essayé de motiver les gamers à s’entraîner avec de nombreux jeux de remise en forme ou de «jouer» d’un instrument dans des simulations musicales, les concepteurs de jeux ont inspiré d’autres corps de métier à utiliser la ludification pour modifier des comportements ou apprendre de nouvelles compétences.
Alors qu’au départ, les mécaniques n’avaient pour intérêt que de comparer des résultats via des systèmes de pointage, des comparatifs de score et des compétitions en ligne, elles sont désormais utilisées afin d’améliorer les processus d’apprentissage.
Un P.I.A.N.O. techno pas comme les autres
C’est le cas du Projected Instrument Augmentation System, aussi appelé à juste titre P.I.A.N.O. Développé par Katja Rogers, Amrei Röhlig et leur équipe de l’Université de Ulm en Allemagne, ce concept utilise des technologies qui ne seront pas sans évoquer de longues nuits blanches aux accros de jeux musicaux.
Effectivement, ils ont installé un projecteur au-dessus d’un piano électrique muni d’un écran blanc sur sa partie supérieure, qui fait apparaître des notes très semblables à celles que l’on retrouvait sur nos écrans de télévision en jouant à Guitar Hero. Les notes défilent à un rythme contrôlable de l’arrière du piano vers le clavier pour y arriver lorsque le joueur doit appuyer sur la touche, de la même façon que dans les jeux.
Cette forme de réalité augmentée est conçue pour assister l’humain sans pour autant remplacer un réel talent d’exécution. Si vous n’avez aucune motricité fine, ou que vous n’êtes naturellement pas coordonné, peu importe l’ajout de «augmentée» dans votre «réalité», rien n’y changera.
Une mince ligne indique au joueur quelle sera la prochaine note, tandis que la couleur l’aide à mémoriser. Si l’élève se trompe, la lumière blanche qui illumine la touche se transforme en lumière rouge sur les mauvaises. L’élève peut aussi décider du rythme de défilement des notes (sans tenir compte de la valeur artistique de la pièce joué bien évidemment) afin d’améliorer sa technique et sa connaissance de la partition, ainsi bien différemment interprétée.
Oui, mais l’art dans tout ça?
Mais tout n’est pas rose. Même si les progrès observés sont plus impressionnants avec cette technique, ils ne servent que l’amélioration de la technique et n’aident en rien à la lecture artistique de l’œuvre jouée. C’est ce que rétorquent évidemment les défenseurs de la vieille école qui, certes, a fait ses preuves.
Cependant, cette nouvelle technique d’apprentissage pourrait bien servir d’autres causes. Plusieurs autres projets, pour certains aussi vieux que 7 ans, ont déjà vu le jour. Utilisant cette forme de réalité augmentée à d’autres fins, comme pour réparer une voiture ou concevoir un bateau, ces concepts sont là pour assister l’humain dans ses tâches sans pour autant remplacer un réel talent d’exécution. Si vous n’avez aucune motricité fine, ou que vous n’êtes naturellement pas coordonné, peu importe l’ajout de «augmentée» dans votre «réalité», rien n’y changera.