La création du Grand Hôtel de l'Europe au Théâtre de Belleville par la Cie Tabola Rassa avait lieu ce soir et je n'ai pas voulu manquer la représentation parce que je tiens le travail de cette compagnie en grande estime.
Il sont trois à interpréter neuf personnages et on y voit (souvent) que du feu. Le but n'est d'ailleurs pas de bluffer le spectateur mais de le faire réfléchir. Après tout, certains personnages cachent des arrières pensées ou au contraire exercent une influence positive sur les autres.
Le décor évoque un hall d'hôtel où chacun circule. Il représenta aussi métaphoriquement le carrefour de problématiques contemporaines comme la peur de perdre son emploi, les trafic d'influences, le racket et le harcèlement, les associations et mariages d'intérêt ... tout ces rapports de force régis par le pouvoir et l'argent et qui pèsent sur l'humanité.Ils sont trois et ils font tout, ou presque : écriture et interprétation. Ce sont (de gauche à droite) : Olivier Benoit, Claire Loiseau et Asier Saenz de Ugarte.
Si on ne les connait pas encore il faut voir le spectacle pour comprendre que la Compagnie se définisse comme animée par le théâtre de l'urgence et de l'action. Ils sont tous passé par l'école Jacques Lecoq, une référence.Le décor n'est pas ambitieux. Quelques éléments suffisent pour délimiter un espace. Les costumes ont une simplicité comparable. C'est ce que j'appellerais du théâtre sans concession. Tout se joue dans l'interprétation et la lecture qu'on fera de la pièce au second degré. Le jeu du comédien et sa capacité créative sont au centre du processus.Je connaissais déjà Tabula Rassa pour leur spectacle mémorable sur l'Avare où les personnages appartenaient tous à l'univers de la robinetterie et qui les a fait connaitre en 2003. Ils auraient pu m'embarquer pour Tartuffe avec des balais, l'Ecole des Femmes avec des casseroles. Mais cela n'aurait pas de sens de dupliquer le concept. Ce qu'ils font avec ce Grand Hôtel est bien plus malin.
L'engagement physique est peut-être aussi plus fort car la chanson, la musique et la danse viennent enrichir la dramaturgie tout en l'allégeant.
Il s'en faut de peu pour qu'on pense à Brecht. Il faut aller les voir d'urgence avant qu'il n'y ait plus de comédiens comme eux ... tout simplement.C'est jusqu'au 28 décembre au Théâtre de Belleville, qui est coproducteur du spectacle, du mercredi au samedi à 19 h 15, dimanche à 17 h et mardi à 21 h 15
94 rue du Faubourg du Temple, 75011 Paris, 01 48 06 72 34