Participation d'Anaïs Valente:
Oui, j'ose une telle phrase : vous parler de ce qui m'a sauvé la vie. Enfin, j'exagère (vous le saviez non ?), car ça a juste sauvé la vie de mon pauvre visage. Ben quoi, attendez, sauver un visage, c'est déjà un exploit ma bonne Dame.
Il fut un temps où "péter mes boutons" était mon activité favorite (avec arracher mes poils un par un à la pince à épiler, mais ne nous écartons pas du sujet). Dans ma toute petite chambre, mon tout petit lit était contre le mur et sa toute grande fenêtre. C'était dès lors une place de choix pour, à genoux, tête penchée vers un minuscule miroir, faire un sort aux boutons et points noirs qui ternissaient mon doux visage d'adolescente.
Je m'adonnais donc à ce sport chaque jour, en rentrant de l'école, avec une double dose le WE. Tout cela au grand dam de ma mère, qui surgissait régulièrement pour me hurler "tu vas cesser d'abîmer ta peau ?" Quand elle ne me surprenait pas, elle me voyait arriver à l'heure du repas, plein de marques et de traces rouges, et hurlait "mais tu vas cesser ?"
Puis j'ai grandi, et contrairement à mes attentes, les boutons n'ont pas déserté mon visage. A force de voir des pub pour l'acné juvénile, j'ignorais qu'il pût exister une acné pour "vieilles peaux" telles que moi. Ben si. Donc j'ai continué.
Ensuite, j'ai déménagé (l'oiseau quitte le nid) et mon miroir m'a suivie. Le pauvre, il en a bavé, se voir constellé en permanence de spritchs de boutons ou de boudins de points noirs (beurk) c'est pas une vie pour un miroir, je suis d'accord. J'ai à nouveau eu un lit près d'une fenêtre, et j'ai pu continuer à m'entraîner, sans personne pour me hurler "tu vas cesser !".
Enfin, j'ai encore déménagé et là ce fut le drame international : un cruel manque de luminosité caractérisait mon nouvel appart. Ajoutez à cela un lit situé bien loin de la fenêtre et vous aurez compris que j'ai dû subir un sevrage forcé de "pétage de comédons". Au début, ce fut dur, le manque se faisait sentir à chaque moment de la journée, mes doigts s'ennuyaient et tremblaient, ma peau semblait tirailler. Je passais ma vie à chasser les miroirs afin de vérifier qu'aucun bouton bien mûr ne m'attendait. Puis, avec les mois, je me suis habituée, et j'ai réalisé à quel point ne plus tripoter ma pauvre peau était bénéfique pour elle.
J'ai toujours mon vieux miroir, il est cassé mais je n'ai pas eu le cœur de le jeter, je l'ai donc recollé afin qu'il jouisse d'une retraite heureuse à mes côtés. Bien sûr, à l'occasion, lorsque je sens une petite protubérance sur mon visage, je le sors de son tiroir pour m'assurer que tout va bien, mais la plupart du temps il est zen et propre.
En compensation, dès que j'ai un miroir sous la main, savoir dans un resto, un bar ou dans un ascenseur, je ne résiste pas à son appel, je scrute mon visage, je le papouille, je le tripatouille et je parviens toujours à trouver un chtit bouton ou un chtit point noir qui traîne. Argh, jouissance cosmique.
On ne se refait pas...
Quoique, depuis que j'ai lu sur un site internet la mésaventure d'une personne qui avait le même vice, auquel elle s'adonnait sur un miroir de son école, pour se rendre compte, après un petit temps de chasse-boutons, qu'il s'agissait d'un miroir sans tain d'où une foule d'étudiants la voyait... je suis devenue méfiante. Et ma peau m'en est reconnaissante.
Quand je vous disais que déménager m'a sauvé la vie !