Le THC, principal ingrédient du cannabis aurait parmi ses effets, 2 particulièrement remarquables : A la fois rétrécir et recâbler certaines zones du cerveau. C’est, du moins, la conclusion de cette étude qui a comparé la structure et les connexions du cerveau chez des usagers de cannabis et des non-usagers. L’étude, présentée dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS) identifie ici les effets d’une neuroadaptation dans la zone du cerveau impliquée dans le circuit de la récompense, le cortex orbitofrontal.
Ces différences dans le cerveau des usagers vs non-usagers ne sont pas « nouvelles ». Une étude récente dans le Journal of Neuroscience a confirmé que le cannabis n’est pas sans effet sur la structure même de certaines régions du cerveau. Cette étude montre ainsi son empreinte sur la forme et le volume du noyau accumbens et de l’amygdale, 2 zones impliquées dans la récompense, le plaisir et les émotions, mais également dans la mémoire, l’apprentissage et la prise de décision. Une autre étude, présentée en 2013 dans le Schizophrenia Bulletin montre que les grands usagers de cannabis, à l’adolescence, ont une structure cérébrale anormale et une mauvaise mémoire, avec des modifications cérébrales comparables à celles déjà identifiées dans la schizophrénie…Enfin, si des différences cérébrales ont été identifiées, les chercheurs ont toujours été prudents sur le lien de cause à effet avec la consommation de cannabis.
Cette nouvelle étude transversale des universités du Texas et du Nouveau-Mexique a comparé, par IRM, la structure et les connexions cérébrales chez 48 participants usagers de cannabis et chez 62 non-utilisateurs. Les participants ont également été évalués par questionnaire sur d’éventuels troubles socio-psychologiques liés à l’usage du cannabis.
Les chercheurs identifient donc les différences suivantes, dans le cortex orbitofrontal, impliqué dans le circuit de récompense du cerveau via les récepteurs cannabinoïdes 1 (CB1) qui se lient au THC :
· Cette région est plus petite chez les usagers de cannabis,
· mais elle présente plus de connectivité.
Ces différences cérébrales semblent bien corrélées avec la consommation de cannabis, précisent les auteurs, d’autant qu’elles varient avec l’âge de l’utilisateur et la durée d’utilisation.
Les chercheurs suggèrent en conclusion qu’un usage chronique du cannabis entraine des processus complexes neuroadaptatifs dont cette connectivité accrue dans cette zone du cerveau.
Source: PNAS 10 November 2014 DOI: doi/10.1073/pnas.1415297111Long-term effects of marijuana use on the brain