Des transactions encore marginales
«C’est un projet excitant, reconnaît Amanda, gérante de la librairie Folies d’encre. Les libraires indépendants insistent sur leur rôle pour la société, ce genre d’engagement, c’est l’anti grande gueule.» Et la librairie, qui espère faire tache d’huile, convie le 20 novembre Cendrine Bonami, la graphiste en charge des dessins sur les billets cette nouvelle monnaie. «Aujourd’hui, j’ai 400 pêches en caisse, reprend Amanda. Mais je ne vais pas acheter des baguettes ou des fleurs avec l’argent de la librairie. Pas simple pour la comptabilité.»Sauver l'emploi local
«Cette monnaie sert l’économie réelle au service des échanges humains et pas de la finance, plaide Brigitte, qui achète désormais sa baguette, sa viande et ses fleurs dans les petits commerces du coin avec des pêches. Notre objectif, c’est d’inciter à consommer local, c’est plus écologique et ça sauve l’emploi. Je ne sais pas si on est en là mais c’est le but.»Un objectif bien compris des commerçants partenaires. «Ici on ne prend pas la carte, uniquement les chèques et les pêches!», précise Jacob Siekierski, propriétaire de Inkolab, entreprise de revalorisation de cartouches d’encre. Je pleure quand je vois un commerce de proximité disparaître». Lui a déjà dû fermer deux de ses trois boutiques.
«Lutter contre la crise avec des pêches»
Mais pour «lutter contre la crise avec des pêches», l’association doit élargir sa maigre liste d’adresses solidaires. En espérant que la pêche n'ait pas mobilisé pour des prunes. Cette semaine, elle ira dans un lycée expliquer l’intérêt d’une monnaie locale. Et le 17 novembre, Brigitte briefera des habitants du 11e arrondissement de Paris. Car le but n’est pas d’enfermer cette pêche dans un panier montreuillois. «Cette monnaie est à la disposition de tous les Franciliens, précise Brigitte. On a d’ailleurs dans le réseau un naturopathe de Vincennes, et des contacts avec Sucy-en-Brie. Ce serait contre-productif d’avoir une monnaie locale à Malakoff et une autre à Montreuil.»Cette démarche militante n’est pas évidente pour les commerçants qui «perdent» 5% quand ils échangent pêches contre euros. «Mais ça peut faire venir une nouvelle clientèle», reconnaît Amel, responsable du bar le Bidule qui fait partie du réseau. «Ici, on paie et on sert avec la pêche!»