Chaque jour ouvrable, la France emprunte 1 000 millions d’euros.
Un billet d’humeur de Jean-Luc Ginder
Notre pays est assis aujourd’hui sur d’immenses dettes qu’elle ne peut plus, ne sait pas maîtriser. Sa dette dépasse 2 000 milliards d’euros, elle est très exactement de 2 023 milliards d’euros ( 2 023 700 000 000). Et si on rapporte ce chiffre à la population son montant moyen a doublé en 5 ans. La France est le premier emprunteur en euros au monde. La dette publique française augmente de 4 640 € chaque seconde.
Il faut que les citoyens français aient ce chiffre en tête, mais il faut qu’ils sachent qu’il existe un danger plus important, un danger réel : chaque jour ouvrable, la France emprunte 1 000 millions d’euros. Ce montant colossal de 1 000 millions d’euros est nécessaire pour faire fonctionner la France : État, sécurité sociale… Cette somme n’est pas destinée à investir dans les infrastructures mais à faire fonctionner son train de vie courant.
Les meilleures estimations placent la croissance pour cette année à 0,4%. On prévoit déjà d’une manière très sérieuse que la dette française doublera au cours des 25 prochaines années pour atteindre 4 016 milliards d’euros. Cela démontre d’une manière simple et claire qu’un gouvernement ne sait pas financer et porter un état social sans croissance ni inflation.
Vers l’insécurité sociale
Dès 2015, le pays entrera dans un changement sociétal que nous pressentons et ressentons déjà et qui ira dans le sens d’une insécurité sociale. Des Français seront de plus en plus nombreux à être condamnés à vivre au jour le jour. On peut parler d’un effritement social ; il s’agit d’un phénomène sérieux et grave. Des Français vont perdre l’assurance et la sécurité qui les protégeaient au travers de la protection sociale, des droits sociaux. Et sur ce chemin, ils seront confrontés à la précarité et à l’incertitude du quotidien et de l’avenir.
Mon avis est que cela sera le phénomène le plus spectaculaire qui mettra en lumière l’extrême gravité de la crise actuelle. L’épicentre de ce changement se situe dans le domaine du travail. Le travail devient précaire et le chômage se transforme en chômage de masse. Dans notre pays, la valeur travail est fortement liée aux protections et aux droits acquis.
Je dis que le risque d’explosion sociale est sous-estimé. Je pense que c’est une maladresse intellectuelle que de ne pas prendre la mesure de sa gravité. Et j’affirme que les symptômes sont perceptibles.
Combien d’angoisse sociale déjà relayée par les syndicats et les médias ? Combien d’indicateurs économiques dans le rouge ? Combien de chômeurs de plus en moins d’un an ?
Le sentiment est bien là que la crise annoncée à disparaître perdure insidieusement, perdure et ne faiblit pas. La montée du chômage va aboutir inévitablement à la rupture du dialogue entre les institutions et toutes les strates de la société et conduire à la rupture entre les hommes qui constituent cette dernière.
Le scénario de la casse économique française
Le scénario qui suit est déjà écrit. Mais quel est ce scénario ? Simple, logique et redoutable. Pourtant je vous rassure, nous partons du principe qu’il est impossible que cela arrive réellement.
« Sans croissance, les investisseurs manquent, les charges augmentent, l’industrie et le commerce souffrent et la productivité diminue ou s’effondre. Une baisse conséquente de l’activité industrielle, commerciale, économique en général aura pour effet la fermeture temporaire des usines, des commerces, des entreprises en général, les ouvriers, les employés seront d’abord au chômage technique puis au chômage à moyen et long terme. Cette situation déclenchera en quelques semaines des grèves générales sans précédent dans la capitale et les grandes villes. Elles deviendront de plus en plus violentes et on assistera à des débordements de casseurs dans les centres villes. Face à une telle situation d’urgence, une aide devra être demandée au FMI et la France sera au bord de la banqueroute. Des nationalisations seront nécessaires. L’armée sera appelée à maintenir l’ordre dans la capitale et dans les grandes villes afin d’éviter des insurrections violentes. Les instituts de notation dégraderont la note de la France ce qui aura pour effet d’affoler les marchés. L’État sera obligé de réagir en mettant en place un plan de rigueur économique d’urgence. Mais l’économie française vacillera, le chômage s’emballera encore et la récession sera là. »
Attention… cela n’est qu’un scénario, alors toute ressemblance avec des faits existants ou ayant existé ou à venir ne seraient que pure coïncidence… que pure coïncidence.
Pourtant vous aurez pris 1 minute et 30 secondes pour lire ce texte, et pendant ce temps la dette publique française aura augmenté de 417.600 euros… pure coïncidence.
Pourtant la loi d’Okun nous l’annonçait et nous amenait à nous y préparer mais personne ne s’y est intéressé. « C’est pourquoi la fameuse loi d’Okun reste méconnue du grand public car il n’est pas de l’intérêt de certains économistes que les media en prennent conscience car la conclusion ultime est que le plein emploi devient un mythe dans un économie ouverte et moderne sauf à pratiquer une politique démographique malthusienne. Mais au-delà de cela elle fait comprendre ceci, les entreprises embauchent plus en cas de hausse de la production, mais elles licencient plus rapidement en cas de difficulté : un même taux de croissance a donc un effet plus important actuellement sur le taux de chômage qu’il y a 20 ans, à la hausse comme à la baisse, signe de l’accélération de notre société mondialisée. Pour que la courbe du chômage s’inverse de manière durable, il faudrait donc que l’économie française retrouve une croissance supérieure à 1,90%. On en est loin… le chômage est donc endémique, l’utopie du plein emploi a bien vécu »…. et que le scénario décrit semble plein de réalisme.
Raymond Soubie, alors conseiller social à l’Élysée, avait bien résumé la problématique déjà en 2007 : « Il faut distinguer l’instabilité de l’emploi et l’insécurité de l’emploi, c’est-à-dire les causes d’un chômage plus fréquent qu’ailleurs, mais aussi plus prolongé. Il faut permettre aux salariés d’accroître leur employabilité pour éviter que l’instabilité ne se traduise par l’insécurité. » Cette distinction n’a pas pris une ride…
Pour conclure je me permets de reprendre les analyses du monde économique en général et des économistes en particulier qui soulignent que le manque d’emploi est le terreaux de tous les risques et Milton Friedman, Karl Marx, Friedrich Hayek, John Maynard Keynes, Lawrence Klein, Paul Krugman, Jean-Jacques Laffont, Friedrich List, Rosa Luxemburg, Thomas Maltus, David Ricardo, Joseph Schumpeter, Jacques Attali, Elie Cohen, Pierre-Francois Lelaurain, Fabrice Roth, et tant d’autres ne me démentiront pas.
Annexe : L’historique récent de la dette de la France
- Dette de la France fin 2002 : 912 milliards d’euros vs 1833 Mds en 2013
- Dette de la France fin 2004 : 1 076,9 milliards d’euros, soit 64,9 % du PIB
- Dette de la France fin 2005 : 1 145,4 milliards d’euros, soit 66,4 % du PIB
- Dette de la France fin 2006 : 1 149,9 milliards d’euros, soit 63,6 % du PIB
- Dette de la France fin 2007 : 1 209,5 milliards d’euros, soit 63,9 % du PIB
- Dette de la France fin 2008 : 1 327,1 milliards d’euros, soit 68 % du PIB
- Dette de la France fin 2009 : 1 500,8 milliards d’euros, soit 77,9 % du PIB
- Dette de la France fin 2010 : 1 591 milliards € et charge de la dette 42 Mds e
- Dette de la France fin 2012 : 1 788 milliards soit 89,1% du PIB
- Dette de la France juin 2013 : 1833 milliards €
- Dette de la France fin mars 2014 : 1 985,9 milliards d’euros (93,6% du PIB)
- Aujourd’hui, on dépasse 2 000 milliards € : 2.023.700.000.000 €. C’est le montant de la dette publique française à fin septembre 2014.
- Source : Jean-Luc Ginder09 Nov. 2014