Fougueuse créature

Par Gentlemanw

Je me souviens d'elle, j'étais jeune et je tenais sa main douce. Elle était la plus belle, je traversais la rue piétonne avec elle, les devantures et les étalages encombraient les pavés, les marchands lui offraient tous quelque chose.

Elle rayonnait, elle était le soleil qui traverse la rue, même par un jour d'automne pluvieux, tous les regards allaient vers elle. Ma grand-mère, car elle était déjà mamy, faisait vibrer le coeur de tous les hommes de ce quartier. Jeune, elle avait eu ma mère, qui elle même avait suivi l'exemple de sa propre maman pour succomber aux plaisirs maternels très rapidement. Ainsi elle aurait pu être comme aujourd'hui une maman quadra avec une jeune enfant, mais ce décalage et sa beauté lumineuse faisait encore plus jouer cette flamboyance.

Fougueuse, elle l'était. A une époque où les femmes manquaient de libertés, les plus primaires, elle avait dicté ses lois, dominait mon grand-père du haut de ses talons hauts, de son allure, de sa voix douce mais percutante. Elle donnait des ordres avec un équilibre entre douceur et fermeté, elle l'aimait mais ils partageaient les tâches, une modernité que nous ne verrrions pas autrement aujourd'hui.

Elle aimait plaîre aussi, avec ses cheveux bruns, ondulés et souples naturellement dans le vent, un touche de maquillage, des lunettes ponctuant son visage, des bijoux nombreux et toujours la bonne robe, les bonnes chaussures, le bon sac. Des petits moyens mais un sens inné de son look, un goût immodéré de la mode, et un don pour coudre à volonté le dernier plissé, pour couper la dernière jupe crayon, sans patron, mais avec un regard curieux sur la mode.

Aujourd'hui, en passant dans cette même rue, je me rappelle sa beauté. Son parfum plane encore ici. C'est le mien maintenant.

Nylonement