Serena

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Serena

Note:
Origine : États-Unis
Réalisatrice : Susanne Bier
Distribution : Jennifer Lawrence, Bradley Cooper, Rhys Ifans, Toby Jones, David Dencik, Sean Harris, Ana Ularu, Blake Ritson, Sam Reid…
Genre : Drame/Adaptation
Date de sortie : 12 novembre 2014

Le Pitch :
Fin des années 20, aux États-Unis : George Pemberton a bâti sa fortune grâce à l’exploitation du bois des forêts de Caroline du Nord. Le jour où il rencontre la belle Serena, c’est l’amour fou, et George de conférer à celle qui devient rapidement son épouse, les pleins pouvoirs. Autoritaire, Serena prend alors plaisir à commander les employés de l’exploitation et à participer aux prises de décisions, sans se soucier des jalousies et des ragots que cela suscite. Nourrissant de grands projets, le couple voit néanmoins de plus en plus de nuages s’amonceler. Des problèmes notamment relatifs à l’ancienne amante de George et à son bébé, qui font naître chez Serena une haine et une jalousie grandissantes…

La Critique :
Tourné début 2012, Serena aurait dû sortir chez nous fin 2013. Au final, c’est un an plus tard qu’il déboule, à cause d’importants problèmes de post-production, soit-disant relatifs à la nécessité de doubler certains dialogues, à cause d’incessants bruits de fonds inhérents aux conditions peu confortables de tournage. Quand on voit le produit fini, et vu les forces en présence, on se dit que ce n’est pas possible. Forcément, il y a autre chose. Autre chose a du se passer pour transformer ce qui aurait dû être une grande fresque romantico-dramatique à l’américaine, en une espèce de boursouflure indigeste. Retour sur un naufrage…

Le bateau de Susanne Bier, qui est, rappelons-le, une réalisatrice danoise très fréquentable (on lui doit notamment Brothers), prend l’eau dès le départ. Les paysages sont magnifiques, la forêt et les montagnes majestueuses et la brume vaguement inquiétante. Bradley Cooper apparaît et laisse exploser un charisme naturel, parfaitement à sa place dans cet environnement rustique vintage. Pourtant, un truc cloche. Le film peine à installer ses fondations. Tout va très vite. Bradley rencontre Jennifer Lawrence, alias la Serena du titre, et là encore, leur histoire d’amour sonne faux. Jadis si complices, dans American Bluff et dans Happiness Therapy, les deux comédiens paraissent plutôt embarrassés et les prémices de leur love story passionnée de se dérouler à l’écran d’une façon pour le moins bâclée, entre regards langoureux échangés, dialogues dégoulinant de banalité et scènes de sexe un peu crues mais surtout totalement dénuées de charme. On parle pourtant de Jennifer Lawrence et de Bradley Cooper. Deux acteurs qui pourraient, par leur seule présence, rendre érotique une adaptation cinématographique de l’annuaire. Et ben là, non, ça ne prend pas. La magie s’est fait la malle et la suite de confirmer cette sale impression première.

Outre Jennifer Lawrence et Bradley Cooper, Serena peut compter sur d’excellents comédiens. On retrouve Toby Jones, Rhys Ifans, ou encore Sean Harris et à l’écran, tout a vraiment de la gueule. Le problème, et on le comprend assez vite, ne vient pas alors des comédiens, méritants, mais bel et bien de la catastrophique direction d’acteurs et du montage, tout aussi calamiteux. Trop théâtral, Serena évoque les pires heures du laborieux Retour à Cold Mountain et apparaît bien souvent comme une vilaine resucée de Légendes d’Automne. Collage de scènes et de thématiques mal digérées, le film, qui aurait pu s’imposer comme une réflexion féministe plus gonflée et pertinente, devient alors petit à petit un gros bordel difforme et -c’est le pire- ridicule.
Les personnages, tous relativement antipathiques, ne sont bien évidemment pas attachants pour deux sous. Même George, le personnage de Bradley Cooper, au début arrogant, mais potentiellement porteur d’une empathie qui fait défaut à tous les autres, voit son rôle se perdre dans une sorte de quête de rédemption torchée à la va-vite. Serena de son côté, n’est jamais l’héroïne ambiguë qu’elle aurait pu être et s’impose petit à petit comme une sorte de marâtre détestable ultra sexy, malgré le jeu dévoué d’une Jennifer Lawrence tombée dans un traquenard vicieux.

On sent derrière ce long-métrage malade, plein de bonne volonté. Dommage qu’il soit coupé dans son élan et que régulièrement interviennent des séquences qui viennent tout saborder. À ce rythme, alors qu’il n’atteint pas les 2 heures, le métrage de Susanne Bier semble durer beaucoup plus.
De beaux et bons acteurs et de superbes paysages donc. Mais c’est tout.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Studio Canal