La démarche est improbable: des patrons entrent en rébellion... Sans rire ni blague... on croyait que l'actuel pouvoir les soignait suffisamment. Il n'en était rien.
Il fallait lire, écouter, comprendre.
Et ne pas rire.
Tour à tour, les responsables du MEDEF, de la CGPME et de l’UPA se sont exercés à fustiger l'actuel gouvernement ces derniers jours. Et proposer des "manifestations" patronales en décembre si rien ne change.
Sont-ils irresponsables à ce point ?
1. Le gouvernement Valls/Hollande travaille pourtant avec attention et entêtement au service du patronat français. Depuis septembre 2012, François Hollande a progressivement réorienté sa politique en faveur d'une unique obsession, réduire les charges pesant sur les entreprises; réduire ce fichu coût du travail que certains irresponsables libéraux osent comparer d'un pays riche à un pays pauvre. Le 31 décembre dernier, il y a bientôt un an, François Hollande a fourni des voeux détestables en annonçant un Pacte irresponsable, confirmé le 14 janvier suivant, puis lors de l'intronisation au poste de premier ministre du plus libéral des socialistes française, Manuel Valls.
Malgré des estimations ridicules d'impact sur l'emploi réalisées par les propres services de Bercy, le gouvernement Valls s'entête à faire voter 41 milliards de baisses de charges sociales. Sur ces dernières, quelque 36 milliards concernaient les entreprises. En contrepartie, le MEDEF ne s'engage... à rien.
C'était visiblement insuffisant pour ces responsables du MEDEF.
On reproche à François Hollande de servir le MEDEF, ce dernier est visiblement bien injuste.
2. Pour ces responsables patronaux, rien n'est jamais assez.
En janvier 2013, l'Accord National Interprofessionnel signé avec la CFDT ne lui suffit pas. Ce dernier procure pourtant de "joyeux" reculs du droit du travail. Et il est rapidement transposé dans la législation. Quelques mois plus tard, la réforme Ayrault/Hollande des retraites allonge indéfiniment la durée de cotisations. Mais le MEDEF s'acharne sur l'une des deux seules avancées de cette réforme, le compte pénibilité qui devait permettre aux salariés physiquement affaiblis par leurs conditions de travail de partir plus tôt. "Trop compliqué!" nous assène-t-on.
En septembre, Pierre Gattaz propose de "réformer" le contrat de travail. Fin octobre, il appelle le gouvernement à autoriser les licenciements sans motif, une disposition qui, loin d'être une spécificité française, est prévue par la convention 158 de l'Organisation internationale du travail.
"Les chefs d'entreprise, quand ils peuvent embaucher, craignent de se trouver devant les prud'hommes s'ils rompent le contrat. C'est un des principaux freins à l'embauche." Pierre Gattaz3. Le patronat a les principaux médias pour lui. Ce n'est pas faire injure à la qualité de notre presse nationale que de reconnaître que la libéralisation du marché du travail et la baisse des charges des entreprises sont des thèses soutenues par la quasi-totalité des journaux télévisés, radiophoniques et écrits du pays. Chaque matin, des éditocrates libéraux trustent toutes les rubriques économiques des radios nationales. Le journal Les Echos peut même se targuer d'avoir placé deux de ses plumes dans les journaux radiophoniques matinaux les plus écoutés du pays, l'un sur Europe 1, l'autre sur France inter !
Pourtant, nos responsables patronaux estiment toujours nécessaire de crier leur désarroi par des actions plus "visibles" que l'invasion quotidienne des plateaux médiatiques. Le patronat a même d'autres relais qui ont l'écoute de nos médias: l'IFRAP, l'AFEP, et quelques autres...
"Il y a un vrai ras-le-bol, il y a un vrai sentiment de colère, les patrons n’en peuvent plus. Et il est logique qu’on trouve un moyen d’exprimer de manière calme et rationnelle ce ras-le-bol." Geoffroy Roux de BézieuxAllez comprendre...
le Centre d’observation économique et de recherches pour l’expansion de l’économie et le développement des entreprises (Coe-RexeCode) - See more at: http://www.humanite.fr/le-quinte-de-tete-des-chiens-de-garde-du-patronat-557323#tor=flux_actu
4. La crise perdure, et les entreprises en souffrent. Comme les salariés, les chômeurs, et l'ensemble du pays. Les perspectives d’investissement dans l’industrie sont même en recul.
Pour justifier "l'épuisement patronal", le numéro 2 du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, est allé jusqu'à affirmer qu'un patron de PME se suicidait tous les deux jours en France. Vous rappelez-vous quand le MEDEF s'est inquiété des accidents du travail ou des suicides au travail ? Le même Roux de Bézieux n'avait pas de qualificatifs assez forts contre la mise en place du compte pénibilité pour le calcul des durées de cotisations à la retraite...
Nous pouvions l'inciter à lire plus régulièrement Actuchômage.
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