Suite au départ fracassant de la chanteuse, qui a retiré la totalité de ses chansons du catalogue musical de Spotify après avoir été critiqué par le service, l’entreprise explique son point de vue.
Vous avez certainement entendu parler de la nouvelle qui a fait les manchettes la semaine dernière. En somme, Spotify a critiqué Taylor Swift (la chanteuse country devenue pop le temps d’un album) pour l’absence de son nouvel album sur son service musical par diffusion. Puis, visiblement vexée par de telles déclarations, la chanteuse a répondu en retirant l’ensemble de son répertoire de Spotify.
«Nous avons fondé Spotify parce que nous aimons la musique et que le piratage était en train de la tuer. Voilà pourquoi tout le discours concernant la façon dont Spotify gagne de l’argent sur le dos des artistes me dérange énormément.»
Au cœur de l’histoire se trouve le débat concernant les redevances versées aux artistes par ce type de services, encore bien jeunes.
Aujourd’hui, le PDG de Spotify, Daniel Ek, a tenté d’éclaircir certains points à propos du modèle d’affaires de son entreprise.
«Taylor Swift a tout à fait raison : la musique est une forme d’art, l’art a une valeur réelle, et les artistes méritent d’être payé pour leur travail», concède-t-il. «Nous avons fondé Spotify parce que nous aimons la musique et que le piratage était en train de la tuer. Voilà pourquoi tout le discours concernant la façon dont Spotify gagne de l’argent sur le dos des artistes me dérange énormément.»
Selon Ek, la différence entre Spotify et le piratage se résume à deux chiffres : 0 et 2 milliards. «Spotify a versé plus de 2 milliards de dollars US aux maisons de disques, éditeurs et sociétés de gestion des droits d’auteur», poursuit-il. À son avis, jamais l’industrie n’aurait vu la couleur de cet argent si ce n’avait été de Spotify. «Nous travaillons jour et nuit pour récupérer l’argent des artistes et de l’industrie musicale que le piratage vole impunément.»
Détruire les mythes entourant les services musicaux par diffusion
Aux yeux du PDG de Spotify, plusieurs mythes persistants n’ont tout simplement pas raison d’être.
Premier mythe : la musique gratuite signifie que les artistes demeurent impayés. Sans surprise, Ek attaque cette idée préconçue en soulignant que Spotify est soutenu par de la publicité, et que des redevances sont versées pour chaque écoute.
Il ajoute que 80% des utilisateurs abonnés à la version payante de Spotify (qui rapporte plus d’argent aux artistes) se sont d’abord inscrits à la version gratuite du service, justifiant du même souffle le besoin de maintenir la gratuité de celui-ci.
Qu’en est-il d’un artiste dont la célébrité est comparable à celle de Taylor Swift? D’après Ek, cette personne peut s’attendre à obtenir plus de 6 millions de dollars US annuellement.
Le deuxième mythe concerne le fait qu’il soit impossible de vivre des redevances versées par ce type de services. Encore une fois, Ek défend son entreprise en rappelant qu’une chanson diffusée 500 000 fois sur Spotify est l’équivalent de cette même chanson diffusée par une station de radio américaine dont l’auditoire est évalué à 500 000 personnes – excepté que cette station ne paie aucune redevance à l’artiste en question (ce qui est plus ou moins vrai; les stations négocient une licence générale annuelle avec les ayants droit, la responsabilité de partager les revenus avec les artistes revient alors à ces derniers). De son côté, dans ce cas bien précis, Spotify verse entre 3 000 et 4 000$ US à l’artiste en question.
Qu’en est-il d’un artiste dont la célébrité est comparable à celle de Taylor Swift? D’après Ek, cette personne peut s’attendre à obtenir plus de 6 millions de dollars US annuellement.
Troisième et dernier mythe : Spotify nuit aux ventes de disques, à la fois numériques et physiques. Toujours selon lui, cette déclaration est l’exemple classique d’une corrélation sans causalité. Il prend l’exemple du Canada, où Spotify n’a été officiellement lancé qu’en septembre dernier, pour soutenir ses dires. «Dans la première moitié de 2014, les téléchargements ont diminué de façon spectaculaire au Canada – sans Spotify – autant que partout ailleurs. Si Spotify cannibalise les ventes par téléchargement, qu’est-ce qui est responsable de la baisse des ventes par téléchargement au Canada?»
Apple dans la ligne de mire des analystes
Depuis le rachat de Beats par Apple, on peut lire énormément de spéculation concernant la suite des événements. Tout porte à croire que l’entreprise profitera de l’occasion pour remanier iTunes en pénétrant concrètement le nouveau marché de la diffusion musicale. Il sera intéressant de voir comment Apple comptera concurrencer les services déjà en place comme Spotify, et si l’entreprise trouvera une solution à la mauvaise perception de l’industrie qui semble s’accentuer autour de ce genre de services.
Bien entendu, la réponse de Spotify est biaisée. Néanmoins, elle n’est pas totalement erronée.
Au final, on peut conclure que Taylor Swift et ses semblables ne sont pas en train de se faire arnaquer par Spotify, mais plutôt par les maisons de disques. Le système mis en place par l’industrie musicale est conçu au détriment des artistes. Spotify est une nouvelle approche qui tente de redonner aux artistes, même si pour l’instant, les redevances ne représentent pas beaucoup d’argent.