Vincent Moulia à l'honneur, à la "Une" d'hier dans Sud-Ouest, c'est bien. C'eût été impossible y'a vingt, trente ans, on lui crachait encore à la figure. J'ai parlé de lui à plusieurs reprises dans ce blogue. Moulia, rescapé des pelotons fusilleurs du général Pétain. Aujourd'hui commémoration pour tous les poilus, tous les morts des guerres. Y'a quelques jours aux Invalides, hommage rendu au militaire Thomas Dupuy tombé au Mali.
Un mort est un mort. Un soldat mort reste un soldat mort. Un soldat mort c'est toujours une mort inutile. Différence de taille cependant entre les camarades de Moulia tombés en 14/18 et Dupuy et les siens qui tombent dans les actuels conflits disséminés sur la planète sur lesquels notre Président envoie des militaires français. Ces soldats de notre époque sont tous professionnels, sont tous volontaires, sont entraînés et armés à la perfection, sont payés et très bien payés. Ils savent le risque encouru qui est accepté. Ils aiment leur "métier".
"Pilou" Moulia et ses copains sortaient de leurs champs, de leurs ateliers, de leurs bureaux, venaient juste de lâcher charrue, rabot, pelle, crayon, quand, sans leur demander leurs avis, ils ont été déposés au champ d'horreur avec prière d'y mourir par centaines de milliers, en rangs serrés, en abondance, en silence, si possible avec courage, pour l'honneur de la Patrie.
Paumés, z'étaient paumés ces poilus, ces bidasses de la drôle de guerre et autre ligne Maginot, ceux qui ont dropé le djebel d'Algérie, ne comprenant souvent pas "pourquoi", ni ce qu'il se passait autour d'eux. La raison de tout "ça".
Honte à cette France qui envoya à la boucherie des soldats qui n'étaient pas soldats, qui n'étaient que des sacrifiés sur des autels nationaux honteux. Honte à cette France qui transforma au travers de ces guerres mondiales jusqu'à celle d'Algérie des hommes simples et paisibles, soit en bouchers, soit en pièces d'étal, les deux souvent. Honte à cette France qui méprise et assassine ceux qui parlent de paix, honte à cette France qui peut aussi en temps de paix faire jeter des grenades offensives par ses militaires professionnels sur des gamins, simples défenseurs d'une biodiversité qui s'effondre. Rémi Fraisse est lui aussi, à sa manière, un soldat sacrifié...
illustration : Banksy