Avec les lettres de poilus dites par Josy et Jean, cela a duré une bonne heure. Le temps de la messe du dimanche que l’on trouvait bien longuette, il est vrai.
Et partout, on en rajoute sur la patrie, sur le sacrifice de nos héroïques soldats et autres conneries. César parle de mythe, le mythe de la nation française… Sans doute.
Parmi les huiles civiles ou militaires de l'époque, le seul qui s’en soit bien tiré, c’est Jaurès. Il a su se faire assassiner au bon moment pour éviter d’être complice de la boucherie. Car tout ces soi-disant grands hommes, de quelque pays qu’ils soient sont responsables de ce massacre absurde qu’en bonne logique humaniste ils auraient dû stopper C'est le problème, enkysté dans la démocratie, des élites incapables et qui finalement font le jeu des nationalismes féroces et des populistes. Le XXième siècle est plein d'exemples, celui-ci en prend bien le chemin.
Pour moi le 11 novembre, je suis encore le petit garçon que son grand-père emmenait avec lui au bistrot à Abondance le dimanche après la messe. Il était italien le grand père Laurent né Besso. Chaque semaine, avec André de Miolène et quelques autres poilus abondanciers rescapés de Verdun, ils refaisaient leur guerre dans une version édulcorée, pudeur oblige. Le 11 novembre, jour de gloire, ils allaient à leur banquet offert par la mairie, banquet où même le rital était accepté. Lui, il avait fait la guerre dans la Haut Adige avec crampons, cordes et piolets contre les autrichiens.
En souvenir de Besso, un bout de film de Francesco Rosi Uomini contro (1970) avec Gian Maria Volontè. La scene dans laquelle l’obtus général Leone (Alain Cuny) envoie à la mort des soldats revêtus d’absurdes cuirasses (le famoze corazze) et malgré l’échec de la manœuvre envoie le reste des soldats à l’attaque. Un film tiré du livre d’Emilio Lussu sur ce thème qui avait trouvé son apogée en 57 dans Les Sentiers de la Gloire.
À noter qu'avec 2 800 soldats fusillés pour mutinerie, abandon de poste, mutilation volontaire ou désertion, l'Italie détient le record de 14-18 (Grande Bretagne 1 800, France 2 500 condamnations dont 600 exécutées).