Quelle relation entre le tabac et les Omega-3 ? Une carence en acides gras oméga-3 peuvent affecter la neurotransmission, entraînant un dysfonctionnement des mécanismes de récompense et augmenter l’envie de cigarette et donc entraver les efforts de renoncement au tabac. C’est ce que suggère cette petite étude de l’Université d’Haïfa, qui montre qu’une supplémentation en acides EPA et DHA, 2 omega-3, a permis à ses participants de réduire, spontanément mais modestement leur consommation quotidienne de cigarettes. Conclusions dans le Journal of Psychopharmacology.
De précédentes études ont montré qu’une carence en acides gras, en particulier pour ces 2 omega-3, l’acide eicosapentaénoïque (EPA) et l’acide docosahexaénoïque (DHA) est associée à des troubles de la santé mentale dont le stress et l’anxiété. On sait par ailleurs que le stress est, chez les fumeurs, un facteur de tabagisme accru. Les chercheurs ont donc émis l’hypothèse qu’une supplémentation en omega3 pourrait avoir un effet sur la consommation de tabac.
Leur étude randomisée a été menée sur 48 fumeurs réguliers, depuis plus de 10 ans et consommateurs de 14 cigarettes en moyenne par jours. Ces participants ont reçu, en aléatoire, 2710 mg d’EPA / jour et 2040 mg de DHA / jour ou un placebo durant un mois. Les participants n’ont reçu aucune consigne particulière. A l’issue de l’étude, les chercheurs constatent cependant chez les participants ayant reçu la supplémentation :
· une diminution significative du tabagisme quotidien (auto-déclaré) soit l’équivalent de 2 cigarettes en moins,
· et une envie moindre de cigarette après l’exposition à une situation de tabagisme.
· Plus surprenant, cette envie de fumer restera réduite durant le mois qui suit l’arrêt de la supplémentation, ce résultat suggérant un effet durable des omega-3.
Tabac-omega 3, un cercle vicieux : Les chercheurs expliquent ces données tel un cercle vicieux : la fumée de cigarette induit un stress oxydatif qui entraine une peroxydation (ou oxydation) des acides gras polyinsaturés (AGPI), omega-3 et omega-6. Or de faibles concentrations d’oméga-3 vont affecter la neurotransmission, réduire la récompense et augmenter la dépendance.
Le double effet omega-3 : Des conclusions qui doivent être certes confirmées par de plus larges études mais si c’était le cas ouvrent une voie large et prometteuse dans le sevrage tabagique, celle des oméga-3.
Autre bénéfice collatéral bien sûr, les omega-3 inhibent les effets néfastes du tabac sur la fonction artérielle, un marqueur pronostique indépendant du risque cardiovasculaire. Les acides gras omega-3 pourraient significativement contribuer doublement à réduire les dommages physiques du tabac.
Source: Journal of Psychopharmacology 2014 doi: 10.1177/0269881114536477 Effects of omega-3 fatty acids on tobacco craving in cigarette smokers: A double-blind, randomized, placebo-controlled pilot study (Visuel© Taina Sohlman – Fotolia.com)
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