Cadavre 19, de Belinda Bauer

Publié le 11 novembre 2014 par Clarabel

Patrick, étudiant en anatomie, a choisi cette spécialité pour mieux comprendre la mort. Selon son professeur, les cadavres ne parlent pas mais ont tout à délivrer. En salle d'autopsie, face à un corps anonyme, estampillé Cadavre 19, Patrick et ses camarades épluchent, décortiquent, classent, cataloguent, analysent bout par bout. Leur but étant de découvrir la cause du décès. Et non l'identité du mort. Patrick, lui, en fait une fixation.
Contrairement aux autres étudiants, Patrick a besoin d'éclaircir tout ce qu'il voit, entreprend, entend, découvre. Il est atteint du syndrome d'Asperger. Mais surtout, il n'était qu'un enfant lorsque son père a été fauché par une voiture sous ses yeux. Ce drame continue de le hanter, car il a le sentiment d'avoir été floué sur le pourquoi et comment. Inutile d'attendre de sa mère le moindre geste de compassion, ancienne alcoolique, elle est toujours autant à côté de la plaque !
Voir Patrick partir à l'université, partager une colocation, prendre son indépendance représente pour elle le début de la normalité. Un poids en moins. Un soupçon de soulagement. Le garçon n'est pas d'un caractère sociable, mais s'adapte à sa façon au mode de vivre de Kim et Jackson. Il ne cache pas que le Cadavre 19 ne cesse de le turlupiner, qu'il est contrarié par ses mystères, d'autant plus qu'il vient de mettre le doigt sur un détail peut-être déterminant pour la suite !
À côté de ça, on suit l'histoire d'un service de réanimation de l'hôpital de Cardiff, où infirmières et corps végétatifs nous livrent des confidences faussement anecdotiques, car de fil en aiguille on devine qu'elles vont compléter un tableau ombrageux. J'ai beaucoup aimé ce principe de constructions par petites briques, ci et là, on vivote, on stocke chaque information avant le tomber du rideau. C'est très réussi.
Le dénouement est, cependant, plutôt précipité. On a un enchaînement de coïncidences, plutôt abrupt. On se sent assommé par la succession des révélations et autres secrets déterrés. Cela manquerait presque de finesse si le reste du roman n'avait été aussi alléchant et parfaitement conduit. Donc, aucun souci. On a une intrigue qui se conclut de façon diabolique, mais efficace. Belinda Bauer a su proposer un roman original, qui s'est distingué par sa structure alambiquée et son « héros » au comportement singulier.

Fleuve Noir, septembre 2014 ♦ traduit par Christine Rimoldy (Rubbernecker)