Magazine Culture

Le coeur d’une mère

Publié le 11 novembre 2014 par Oliaiklod @Olia_i_Klod

C’est une histoire que vous raconteront les vénitiens, à propos des graffitis que l’on peut voir à l’entrée de l’Ospedale Civico, sur le campo San Giovani e Paolo, l’histoire tragique d’un récit sur el cuor de ‘na mare

DSC00872

En l’an de grâce 1501, le dénommé Cesco était un tailleur de pierre réputé pour l’excellence de son art, qui avait, entre autres, participé à la création de la belle façade de la Scuola Grande de San Marco que les touristes et les vénitiens peuvent encore admirer de nos jours sur le campo San Zanipolo.

Peu de temps après sa femme est tombée malade. Et nul ne put ignorer avec quel courage son mari a tout fait pour la soigner, n’hésitant pas à vendre sa boutique pour réunir l’argent nécessaire à l’achat de médicaments onéreux.

A la mort de sa femme, Cesco était complètement ruiné et réduit à la mendicité. Il se retrouva ainsi, devant ce portail qu’il avait contribué à rendre si beau, pour quémander de quoi survivre. Pendant les longues journées pluvieuses, avec une pointe acérée, il a dessiné sur la marbre les navires qu’il voyait passer, ou qu’il voyait à quai quand il errait dans la ville.

DSC00871

DSC00868

Non loin du campo San Zanipolo, vivait une femme qui avait eu un fils avec un levantin, un marchand qui vivait sur l’île de La Giudecca. Ce fils vivait comme son père, habillé à la façon des turcs, en costume oriental. Il venait parfois rendre visite à sa mère, et chacune de ses visites était source de disputes, car il lui attribuait la faute d’être à demi-vénitien, à demi-levantin, tout en n’étant ni l’un, ni l’autre.

Cette mère supporta avec patience et résignation les effusions et les colères de son fils, parce qu’elle l’aimait plus que sa propre personne.

Un jour, cependant, tout a soudainement dégénéré, et, dans un accès de fureur, le jeune homme, emporté par sa rage a poignardé sa mère et lui a arraché le cœur. Hébété par l’acte horrible qu’il venait de commettre, le jeune homme laissa tomber son couteau, tenant dans sa main le cœur de la pauvre femme.

DSC00864

Il s’est mis à courir a travers les calli et les campis déserts à cette heure tardive, et, arrivé devant la Scuola Grande, il trébucha sur la première marche du pont, tomba et laissa tomber sa prise.

Le cœur tomba sur le sol, et une voix en sorti qui s’enquit : « figlio mio ti sei fatto male?« 

Rendu fou, le garçon couru le long du quai jusqu’aux Fondamente Nuove où il sauta dans les flots qui l’engloutirent rapidement et à tout jamais.

DSC00866

Cesco dormait sous le porche de la Scuola, réveillé par le bruit, il avait assisté à toute la scène.

Il décida de l’immortaliser de la pointe de sa lame en la gravant sur le marbre à l’entrée de la Scuola Grande di San Marco.

C’est pourquoi, encore de nos jours, vous pouvez voir un dessin qui représente un homme avec un turban qui tient un cœur humain dans sa main…

 Alberto Toso Fei, écrivain vénitien a raconté cette histoire dans un de ses livres : Leggende veneziane e storie di fantasmi

Merci à Stefanie pour avoir traversé tout Venise afin de réaliser ces photos spécialement pour le blog.

DSC00863


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Oliaiklod 11319 partages Voir son blog

Dossiers Paperblog

Magazines