Magazine Culture

« L’Homme Y et la mode » décrypté par la marque Cavalier Bleu

Publié le 01 novembre 2014 par Darkplanneur @darkplanneur

Avant notre événement ImagYnarium (consacré au luxe inspiré par la génération Y), qui aura lieu le 12 novembre à 18h au BHV Marais, nous avons eu la plaisir de rencontrer Samy Thuillier, l’un des créateurs de la marque de mode masculine Cavalier Bleu, pour définir les fondamentaux du Gentleman Y.

Darkplanneur: »Quelle est l’essence de la marque Cavalier Bleu, sa singularité ? »

Samy Thuillier : « Nous avons choisi tout d’abord une pièce forte, la veste masculine, comme leitmotiv de nos collections. Elle rend un homme élégant dès le premier instant et lui donne un supplément d’âme indéniable. Autour de ce vêtement, nous avons développé un vestiaire qui s’étend désormais aux chemises, pantalons et aux accessoires, notamment des cravates et des ceintures faites main.

Mais nous ne voulons pas proposer qu’un beau vêtement. Nous souhaitons également refléter le style parisien, ce mélange d’élégance habillée et d’audace moderne du détail, et que nos pièces se reconnaissent au premier coup d’œil.

Cavalier Bleu, c’est aussi le nom d’un mouvement artistique du début du 20ème siècle : nous insérons régulièrement des références à l’art dans nos collections et nos visuels, nous collaborons avec des artistes urbains actuels pour développer des collections en séries limitées et notre philosophie est celle d’un homme qui progresse dans son style comme l’artiste progresse dans son art. »

D: « Il y a quelques mois, vous avez crée le Buzz à travers une opération chemise à 85 euros avec Merci Alfred, quelle est l’histoire de cette opération, ses résultats, la trace laissée ? »

 ST : « Nous étions en relation avec l’équipe de Merci Alfred depuis plusieurs mois et fin 2013, grâce à de nombreux relais dans la presse et sur les blogs, notre chemise blanche a été plébiscitée par nos clients.

Merci Alfred nous a donc proposé ce projet au début de l’année 2014, sur lequel nous avons travaillé main dans la main pendant 2 mois, afin de préparer le vêtement qui serait présenté, de concevoir les éléments de présentation et de peaufiner le rendu visuel de l’ensemble.

Cela a été un vrai plaisir de travailler avec eux, car nous avions le même désir, celui de proposer un bel article, avec une vraie différence que les clients comprendraient aisément, pour un prix qui convienne à tout le monde.

Nous avons été très satisfaits des résultats, et surtout des retours des clients. Nous avons reçu de nombreux messages de félicitations, de remerciements et c’était là probablement notre meilleure récompense.

Quant à la trace laissée, nous organisions une boutique éphémère pendant un mois dans le Marais très peu de temps après la vente, et nombreux sont les clients de cette opération qui sont venus nous rendre visite pour découvrir et acquérir nos pièces. Aujourd’hui encore, nous recevons régulièrement des demandes de la part de ces clients pour que l’opération soit renouvelée. »

D: « La présentation de cette chemise était digne d’un argumentaire de berline allemande, l’homme Y exprime-t’il clairement le désir d’aller voir sous le capot d’un costume, jeans…? »

ST : « Nous sommes dans l’ère d’un homme qui achète moins, mais qui achète mieux. Il se renseigne sur la qualité des pièces, sur ses caractéristiques, il prend le temps de comparer avant de faire son choix.

Contrairement à ce que nous lisons souvent dans le contexte économique actuel, ce n’est pas qu’une logique d’économie. Nous ne sommes plus à l’époque du vêtement fonctionnel.

L’homme d’aujourd’hui veut se faire plaisir en s’habillant, ce qui est nouveau en réalité, et il ne veut pas être déçu. Il est donc prêt à consacrer plus de temps et d’argent pour trouver la pièce idéale qui fait la différence, qu’il s’agisse d’une veste ou d’une chemise. C’est la raison pour laquelle, lors de la vente, nous avions insisté sur quelques détails facilement mémorisables qui répondent réellement à ce désir de posséder une pièce singulière. »

D: « La grande majorité de vos clients sont de la gen y, à quoi ressemble le Gentleman Y, quelles sont ses singularités comportementales ? »

ST : « L’homme de la génération Y cherche ses repères dans une société qui ne lui en donne plus. Ainsi, quand il s’agit de vêtements, il veut trouver une marque-refuge, qui lui convient, dont les collections ne le décevront pas, ni dans le style, ni dans la qualité. Il veut pouvoir y être fidèle, il aime revenir vers elle, un peu comme vers l’être aimé.

Mais cela ne s’arrête pas là. Nous vivons dans une société très violente, dans laquelle les contacts sont très superficiels, multiples mais brefs, voire souvent trompeurs. Pour les vêtements, il cherchera donc une marque qui l’écoute, qui le comprenne, qui le rassure. Il sentira très vite s’il est apprécié pour ce qu’il est ou si justement, le contact sonne faux.

C’est un élément fondamental, même si pour nous, cela fait simplement partie du respect. »

D: »Le jeu, l’humour sont au coeur de l’expérience Cavalier Bleu, le Gentleman Y demande t’il au luxe de se réinventer, et au-delà de réchauffer sa relation qu’il entretient avec lui ? »

ST : « L’homme de la génération Y ne demande rien au luxe justement. Il peut très bien exister sans lui. C’est au luxe de l’observer, de le comprendre, de savoir lui parler.

Beaucoup d’hommes en ont tout simplement assez d’un certain luxe inhibant qui trie ses clients sur le volet. Ils ont les moyens de se faire plaisir et ils se disent souvent : « pourquoi on ne pense jamais à moi ? »

Ils veulent apprendre quelque chose, ils veulent pouvoir raconter l’histoire de l’achat de leur chemise avec leurs amis, les faire rire. Pas pour prouver qu’ils sont au-dessus d’eux, mais tout simplement parce que pour eux, s’offrir un vêtement, c’est avant tout passer un bon moment.

C’est aussi cela que le luxe doit leur offrir, au lieu de sacraliser « l’expérience de marque » au point de tétaniser les clients. »

D: »A la différence des Blogueuses de Mode, le Blogueur de mode masculine se tourne très vite vers des activités d’ecommerce, et même pour certains la création de marque en propre. Comment voyez vous le phénomène, sont-il passés du rôle de prescripteur à celui de concurrent? »

ST : « C’est effectivement une évolution que nous avons notée depuis un certain temps. Je pense qu’il sera très intéressant d’observer la stratégie de ces blogs devenus marques à court terme. Peuvent-ils dépasser la clientèle liée à leur audience-type ? Peuvent-ils conserver la totalité de leur lectorat sans que certains se sentent trahis par cette évolution ? C’est une aventure risquée mais courageuse.

Par ailleurs, je ne crois pas que l’on puisse parler de concurrence, mais au contraire d’allié. Par leur évolution, ces blogs continuent d’inciter de nouveaux lecteurs à porter plus d’attention à leur tenue et cela ne peut que les encourager à s’intéresser à des maisons comme la nôtre. »

D: « Cavalier Bleu développe un vrai style de vie, au-delà du vêtement, seriez-vous tenter par un secteur comme la Beauté, quelle serait votre point de vue sur la Beauté Masculine ? »

ST : « Nous avons déjà énormément de projets à réaliser avant de nous intéresser à une ligne beauté !

Pour le reste, je pense qu’il s’agit d’un secteur encore très neuf, encore largement dominé par des mastodontes aux moyens immenses. Mais qui sait… Il se peut tout à fait qu’avec la démocratisation de ce genre de produits, nous constations une évolution similaire à celle du prêt-à-porter, avec l’émergence de jeunes marques à l’approche authentique et originale. »

D: « Le futur de Cavalier Bleu passera par des boutiques en propre, quelle sera votre expérience entre le web to shop et le shop to web ? »

ST : « Je ne crois pas qu’il s’agisse dans ce cas de créer une expérience pour un client, mais de créer un lien avec une personne.

Sans en dévoiler trop, je dirais que nous ferons en sorte que la boutique physique soit le prolongement naturel du site Web et le reflet de l’image de la maison que le client a découvert par ce biais. Elle doit officialiser le lien créé avec quelqu’un, lui donner un visage, de façon à créer un souvenir durable.

De la même façon, la suite de la visite en boutique doit permettre de prolonger ce lien, de l’entretenir pour ne pas le rompre, sans le rendre oppressant. Ce n’est que par ce biais que le nouveau client pourra ainsi revenir alternativement vers l’un ou l’autre des deux points de vente et continuer à renforcer sans effort le lien qui l’unit à Cavalier Bleu. »

Retrouvez la marque Cavalier Bleu sur leur site


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Darkplanneur 69696 partages Voir son profil
Voir son blog