Le Grand Nord canadien, c’est un blanc paysage qui paraît prisonnier du gel. À l’œil de l’artiste, cette étendue semble figée dans le temps, malgré les milliards d’années de transformations géologiques. Le calme que j’y perçois laisse place à l’inspiration. Mon cœur se réchauffe à l’idée de m’introduire dans l’un de ces villages. Je veux ressentir l’énergie, la chaleur humaine et continuer de croire que là-bas certaines valeurs familiales ne se perdent pas dans un mode de vie turbulent, essoufflant.
L’homme qui habite le Nord voit l’immensité. Les couleurs que suggère le ciel boréal le font rêver. Il choisit d’y être parce que là-bas le mot « vivre » prend tout son sens. Même si parfois l’aiguille de sa boussole devient folle, elle finit toujours par pointer l’azur.
À l’occasion, il regarde dans d’autres directions et pense aux plaisirs qui lui échappent. Ce qui l’attire de la zone inconnue, ce sont les odeurs, les formes et les couleurs. Il ferme les yeux et il se surprend à flairer des parfums aux notes vanillées et ambrées qu’accentue l’humidité de l’air. La vapeur d’eau de son souffle chaud trace un sillon dans la froidure de l’hiver. C’est la température mordante qui le ramène chez lui. Avec puissance, le vent caresse les lits de roches dénudées qui affleurent.
Rivés à leur téléviseur, les villageois constatent que l’inquiétude et la souffrance mènent le monde. Ils se sentent loin et étourdis par cette triste réalité. Sur l’écran défilent des scènes de la guerre en Iran, d’enfants orphelins, d’épidémies… Sur les autres chaînes, toujours de la misère ou des émissions vides de contenu. Tandis que tombent les bombes, eux veillent sur leur famille et s’affairent aux tâches quotidiennes. Unis par la culture, les traditions, la langue, ils ont ce sentiment d’appartenance qui contribue à l’équilibre psychologique.
Possédant peu de biens matériels, ils savent que le bonheur se trouve en chacun de nous. Un geste tendre, un regard différent donnent une agréable saveur au quotidien… Vivre en territoire éloigné permet sans doute de se rapprocher de la vérité.
Virginie Tanguay
Notice biographique
Virginie Tanguay vit à Roberval, à proximité du lac Saint-Jean. Elle peint depuis une vingtaine d’années. Elle est
près de la nature, de tout ce qui est vivant et elle est très à l’écoute de ses émotions qu’elle sait nous transmettre par les couleurs et les formes. Elle a une prédilection pour l’aquarelle qui lui permet d’exprimer la douceur et la transparence, tout en demeurant énergique. Rendre l’ambiance d’un lieu dans toute sa pureté est son objectif. Ses œuvres laissent une grande place à la réflexion. Les détails sont suggérés. Son but est de faire rêver l’observateur, de le transporter dans un monde de vivacité et de fraîcheur, et elle l’atteint bien. Elle est aussi chroniqueuse régulière au Chat Qui Louche. Pour ceux qui veulent en savoir davantage, son adresse courrielle : [email protected].