Tout d'abord pour remettre les choses dans leur contexte, je dois vous expliquer que ma maman était prof d'allemand. J'ai donc été élevée dans un certain amour de ce pays, avant même d'apprendre la langue au collège, j'apprenais des chansons dans la langue de Götte, je dégustais des Rote Grütze avec délectation et voyais des allemands à la maison régulièrement. Quand je suis entrée au collège, j'ai bien entendu fait Allemand première langue. Etant dans le collège où ma mère enseignait, je prenais pour moi chaque réflexion quand à son apprentissage. J'avais un peu l'impression qu'on attaquait ma mère directement, ou que l'on remettait en cause tous les préceptes que j'avais pu recevoir jusque là. Quand je suis allée au lycée, c'était un peu différent, les meilleurs élèves étant en classe d'allemand première langue, nous avions une sorte de statut à part. Quand j'ai été étudiante, il était dores et déjà considéré comme de bon ton de dénigrer l'apprentissage de l'allemand. J'étais à présent dans une "grande ville" où cela était désormais une denrée rare. Les germanophones étaient les loosers de la vie estudiantine. J'ai fais mes études aux Beaux arts, et il faut dire que je naviguais au milieu d'une marée d’élitistes, d'artistes complaisants et bien pensant. Cette incursion dans un monde écoeurant de singularité, peuplé de personnes suffisantes, désireuses de faire partie d'une classe qui sort des frontières pour finalement te faire rentrer dans le moule qu'ils avaient inconsciemment coulé pour toi, j'y reviendrai peut-être plus tard.
Dans les médias, jamais on ne peut entendre un mot allemand prononcé correctement. Vous me direz, c'est un peu le problème des français. Avec l'anglais, ce n'est pas toujours mieux. L'anglais parlons en. C'est devenu le modèle par excellence, celui vers qui tendre. L'anglais que l'on tente d'introduire dans chacune de nos phrases (moi la première) pour paraître tendance. La faute à qui ? A la culture américaine. Je jette un pavé dans la mare en disant cela. Moi-même, je suis complètement fan de patisseries américaines, je me gave de séries en VOSTFR, j'adore la façon de faire de chaque fête un événement commercial, leur esprit marketing, leurs films de teenagers et de fifilles sur le mariage, leur entertainment en général.
Dans les cours de récré, dans la rue, dans les médias, chacun prononce sciemment les mots germaniques avait un petit rictus, un truc qui "rappe en bouche", des mots barbares en somme.
Pourquoi s'applique-t-on a prononcer un parfait "what else" à la Georges Clooney, tandis que personne n'est capable, pas même la présentatrice du meilleur patissier sur M6 (que j'adore pourtant) de prononcer "Sachertorte"? N'est-on pas capable de faire autant d'effort pour l'un que pour l'autre ? En soit ça n'est pas plus difficile.
Hier c'est une réflexion de mon mari qui m'a mis la puce à l'oreille. Pour tout vous dire, nous étions devant "Cheval de Guerre" de Spielberg, et nous en sommes venu à parler de la première et de la deuxième guerre mondiale. Et là il m'a dit "mais c'est un peuple bizarre quand même, comment ils peuvent déclencher autant de guerre comme ça ?" Mon mari n'est pas français. Il vient d'un pays d'Afrique, un pays que nous, Français, avons colonisé. Il a choisit de venir ici en France, dans ce pays qui a également commis des génocides, qui a lui aussi "déclenché des guerres". Avant de venir ici, il n'avait aucun préjugé sur l'Allemagne. J'en suis venue à la conclusion qu'il avait forcément acquis cette aversion pour le peuple allemand, ici, en France. Et donc que cet "anti-allemand" était culturel.
L'autre chose qui m'a frappé ce week-end, sont les actualités. J'ai d'avantage entendu parler de "l'affaire Nabilla" et des guéguerres entre ex premier ministre et ex président que de l'anniversaire de la chute du mur de Berlin. Celle-là même qu'on explique à nos collégiens. Cette histoire si marquante dans l'histoire Européenne.
Pourquoi ? Parce qu'on s'en fout tout bonnement des allemands. On les considère un peu comme nos Belges mais de façon plus agressive. Les Français ont clairement gardé un ressentiment contre ce peuple. On a toujours une rancune concernant les guerres qui nous ont opposés. Lorsque mon grand-père prononçait le mot "bosch" je trouvais ça excusable, cela faisait partie de son histoire, de son vécu, comment aurai-il pu ne pas en vouloir à ceux contre qui il s'était battu. Aujourd'hui comment peut-on expliquer cela ?
Pourquoi quelqu'un qui singe un mot allemand apparait comme drôle, tandis que quelqu'un imitant l'acsent arabe ou africain, passe pour un raciste pur et dur ?
Parce que c'est tout bonnement acquis dans l'esprit collectif. Parce que nous sommes simplement hypocrites envers un pays de qui nous tirons amplement profit par le biais d'échanges politiques et commerciaux, mais que nous dénigrons finalement depuis un siècle.
Je jette encore une fois un pavé dans la mare, je ne souhaite pas émouvoir dans les chaumières ni engager un combat politique, simplement, si seulement les esprits pouvaient évoluer de ce côté là comme des autres ce serait déjà pas si mal.
Parce que finalement il n'y a pas de petit racisme.
Ceci était mon premier article politique et ne comptez pas en voir fleurir ici tous les jours, j'avais juste envie de m'exprimer sur le sujet et de toute façon je fais ce que je veux ici c'est chez moi ! Na !