Le stationnement en ville reste un enjeu local. Compter 2 000 euros du mètre carré pour un garage
Garages en extérieur ou places de parki ng au sous-sol d’une résidence collective ? Les deux formules se payent le prix fort, en ville. © Photo Xavier LéotyPublié le 10/11/2014 par alain babaud
Plus de 150 boxes de 30 mètres carrés vont être aménagés dans la zone de Périgny, l'année prochaine, sous l'enseigne Résid'car. Le porteur de projet compte bien séduire une clientèle locale qui a besoin d'espace pour aménager un atelier, des bureaux, mais également stationner un bateau ou une voiture. Alors, il ne s'agit pas d'attirer les urbains sans garage qui utilisent tous les jours leur voiture et trouveraient compliqué d'aller la chercher à Périgny.
Mais les difficultés du stationnement en ville, au quotidien, constituent un argument qui n'est pas seulement commercial. Le fait est que les places de stationnement privées à vendre, en ville, ne sont pas légion. Autant dire qu'elles s'arrachent à prix d'or au regard du peu d'aménagement nécessaire, soit 2 000 euros du mètre carré, en moyenne. Et contrairement aux logements, les prix ne baissent pas.
A PérignyUn projet Résid’car
C’est un nouveau concept de stationnement, ou simplement de stockage, qui pourrait faire son apparition dans l’agglomération rochelaise, dès l’an prochain. La société Immo Ati cherche en effet à implanter l’enseigne Résid’Car dans la zone industrielle de Périgny. Le concept, c’est celui d’une résidence multiservice de 152 boxs multifonctions à 29 600 euros hors taxes l’unité. Le site doit être pourvu d’une salle de détente, d’une station de lavage… Le concept vise particuliers, professionnels et investisseurs.
Pas assez d'offres
Un marché limité au centre-ville, où l'habitat collectif ancien et sans stationnement privé abonde, qui continue de bien se porter malgré le développement des mobilités douces (vélo, marche à pied…) et des transports publics.« Il y a toujours beaucoup plus de demandes de places en ville, surtout couvertes et sécurisées, que d'offres sur le marché », assure Caroline Thibault, gérante de l'agence Logimax à La Rochelle. Sur seloger.com, Logimax propose un garage en extérieur de 22 mètres carrés, « à proximité du marché », pour 39 000 € (frais d'agence inclus). Et tout un lot de 6 garages, sur 111 m2, pour 211 000 euros, assorti de la mention « idéal investisseur ». Parce que si la rentabilité à la location n'est plus que de 6 à 8 % par an contre 10 % il y a encore quelques années, « ça reste un très bon placement. »
Un bon placement pour le propriétaire d'un logement en ville. « Parce qu'une place privée où stationner, ça valorise fortement le logement aux yeux d'un locataire. » Mais « c'est également très intéressant pour des investisseurs qui n'ont qu'un petit budget », explique Béatrice Morillon, du réseau Guy Hoquet, « des jeunes, notamment. » Ainsi, l'enseigne vend en ce moment une place de stationnement souterrain, sécurisée, en sous-sol d'un immeuble situé près du marché (là, encore) pour 34 000 € (FAI) les 12,9 mètres carrés, ainsi qu'une autre, moins chère (29 000 €) bien que plus grande (13,8 m2) aux Minimes où l'offre est plus large. La zone la plus recherchée, c'est bien sûr le Vieux-Port.
Parking (pas trop) payant
Pour autant, le marché de l'hypercentre rochelais n'est pas celui de grandes villes comme Paris où les biens existants peuvent être l'objet d'une certaine spéculation. « Il y a de la demande, mais ce n'est pas le rush », assure Béatrice Morillon. D'autant que le coût du stationnement en ville sur le parc public est bien moindre que dans la capitale. Pour une heure passée en zone orange, à La Rochelle, il en coûte en effet 1,30 € contre 3,60 € à Paris. L'écart se ressert, en revanche, pour le stationnement résident.Les Rochelais peuvent, en outre, profiter du Piaf (parcmètre individuel à fente) qui est un horodateur portatif à carte prépayée. Il permet d'éviter de payer chaque fois que c'est possible. 794 ont trouvé preneur. Enfin, un habitant domicilié dans le secteur payant peut également demander la vignette « antistress » qui permet de stationner gratuitement en zones orange et verte de 9 à 10 heures et de 17 h 30 à 18 heures. Elle coûte 30 € par an.
Bref, des solutions existent pour se garer en ville à moindre coût. Et même pour ne rien payer du tout. Puisque toutes les places gratuites n'ont pas encore été supprimées…
« Nous allons tout remettre à plat »SECTEUR PUBLIC Zone bleue, parkings pas pleins, tarifs des horodateurs… La mairie veut tout revoir.
La situation du stationnement en ville « n’est pas satisfaisante, aujourd’hui », assure Jean-Marc Soubeste, l’adjoint écologiste aux déplacements urbains.
La multiplication des logements étudiants génère des besoins nouveaux en stationnement. De nombreux salariés du centre ont également pris l’habitude de se garer à Tasdon, Lafond ou Fétilly, sur des places gratuites où ils viennent en « concurrence » avec les riverains. Bref, « l’espace public ne répond plus à l’ensemble des besoins » et la nouvelle municipalité entend donc « tout remettre à plat » (zones, statuts de résidents, tarifs des horodateurs…).
La phase de concertation avec les acteurs de terrain est en cours. Objectif : mettre en œuvre les premières mesures dès l’an prochain. Tour d’horizon.
Vers une zone bleue
Il reste des places « gratuites », en hyper-centre. Mais très peu. L’essentiel du parc public est payant. Tout l’hypercentre est en zone orange, c’est-à-dire en stationnement de courte durée (2 heures maxi, pour 2,60 €). Avec deux exceptions : le stationnement est limité à trente minutes sur le quai Valin et dans la rue du Minage. La zone verte est autour et compte 2 100 places. Le tarif est plus bas : 2 heures pour 1 €, 4,50 € pour un stationnement de 7 h 30. L’esplanade Saint-Jean-d’Acre, le quai Amiral-Meyer et le quai du Carénage alternent, eux, orange l’été à vert le reste de l’année. Un dispositif assez compliqué. S’y ajoute le statut de résident. Le Rochelais titulaire de la carte « résident » ne paye, lui, que 0,50 € la demi-journée, 1 € la journée en zone verte. Il n’a pas accès à la zone orange. La Ville songe à y ajouter une zone bleue, à stationnement gratuit mais limité. À l’angle de l’avenue Guiton et de Coligny, par exemple. « Là, on a peu de résidents, mais beaucoup de commerces qui ont besoin de stationnement pour leurs clients de passage. »
Des parkings pas pleins
Jean-Marc Soubeste constate, également, qu’« il y a souvent 350 à 400 places non occupées en journée » au parking souterrain du Vieux-Port (ex-Saint-Nicolas). Pourquoi ne pas en faire profiter les titulaires de la carte résidents (2 210 ont été délivrés cette année), à un tarif attractif, donc.
Le tarif des horodateurs
Pour limiter les voitures « ventouses », faut-il augmenter les tarifs des horodateurs ? Jean-Marc Soubeste constate, pour sa part, que « nous avons des tarifs parmi les plus bas de France en zone verte. Il faut peut-être que ça coûte plus cher plus vite, pour que les voitures stationnent moins longtemps… » Le débat est ouvert, y compris sur l’extension du périmètre horodaté à de nouvelles rues. Jean-Marc Soubeste sait le sujet du stationnement, qui va de paire avec celui de la circulation, « très sensible ». L’heure n’est donc pas encore aux décisions, mais à la concertation.