Des drapeaux nationalistes catalans accrochés aux balcons d'un immeuble à Barcelone I ©AFP/JOSEP LAGO
Les nationalistes catalans votaient dimanche sur l’indépendance, une consultation sans précédent mais sans valeur légale, organisée par l’exécutif de cette puissante région d’Espagne malgré l’interdiction de Madrid.Des électeurs de tous âges, venus avec leurs enfants, attendaient patiemment dans une file d'attente devant les bureaux de vote qui ont ouvert sous de nombreux applaudissements. Beaucoup réclamaient depuis des années le droit de s’exprimer. "Ce vote est un défi à l’Etat espagnol qui a utilisé tous les moyens pour l’empêcher", a lancé Carme Forcadell, dirigeant de la principale association indépendantiste (ANC) en déposant son bulletin de vote à Sabadell (30 km au nord-ouest de Barcelone). Les indépendantistes seraient près de la moitié des 7,5 millions de Catalans, selon un récent sondage. Les partisans de l’unité de l’Espagne ne veulent pas participer à cette consultation jugée "illégale et antidémocratique".
S’appuyant sur l’exemple du référendum écossais, le président catalan Artur Mas a pris le risque d’organiser cette consultation symbolique -il n’y a ni commission ni listes électorales- en dépit de son interdiction par le tribunal constitutionnel saisi par le gouvernement. "Notre objectif est de voter dans un référendum définitif, si possible en accord avec Madrid", a déclaré le président nationaliste après avoir déposé son bulletin dans l’urne. "Nous allons essayer de convaincre les gens à Madrid, après ce 9 novembre, que les Catalans ont droit à un référendum avec ses conséquences politiques, comme les Écossais (...) et les Québécois. Pourquoi pas la Catalogne?" Les Écossais ont dit non à l’indépendance dans un référendum le 18 septembre dernier, les Québécois, eux, en 1995. Le gouvernement espagnol soutient que la Constitution ne permet pas aux régions d’organiser de référendum sur une question qui concerne tous les Espagnols.
Pour recueillir un maximum de voix, Artur Mas a ouvert le scrutin aux jeunes de plus de 16 ans et aux étrangers ayant au minimum un an de résidence. "Nous ne voulions pas laisser passer cette opportunité", a déclaré Martin Arbaizar, 16 ans, attendant son tour pour voter. "Même si ce n’est pas officiel, il faut que l’on soit écoutés et plus nous serons nombreux, mieux cela sera". Après avoir tenté de l’empêcher, le chef du gouvernement Mariano Rajoy a tenté de minimiser l’importance du scrutin. "On peut l’appeler comme on voudra, mais ce n’est ni un référendum, ni une consultation, ni rien qui y ressemble (...) Ce qui est certain, c’est que cela n’aura aucun effet", a-t’il déclaré. Mais des plaintes déposées par des anti-indépendantistes lui permettront difficilement de fermer les yeux sur les violations des décisions du Tribunal constitutionnel.FG