Avec ou sans chaussettes, pour ou contre ?
Certains d’entre vous se souviendront peut-être de l’animateur Guillaume Durand présentant l’émission « Nulle part ailleurs » en costume à rayures larges, pieds nus dans des mocassins en veau velours : Al Capone passé par la case Riviera ! Cela se passait dans les années 1990, beaucoup plus dévastatrices à n’en pas douter en termes de style que les fatidiques années 1980 auxquelles on nous renvoie de plus en plus, comme pour mieux nous faire sentir les progrès (sic) accomplis depuis. Que dira-t-on de nos pratiques vestimentaires dans dix ans, dans vingt ans ? Nul ne peut le prévoir, toujours est-il qu’est revenu – et avec quelle force ! – depuis plusieurs saisons, le goût pour les chaussures sans chaussettes. Faut-il le déplorer ? Oui, si l’on considère le nombre d’individus capables d’oser l’association bermuda/Converse/chaussettes « invisibles » (ce qui, pour moi, représente le comble de l’atrocité vestimentaire). Non, si l’on admet qu’il s’agit seulement d’une tendance, autrement dit d’une proposition.
Ci-dessous, les slippers Tangerine par Superglamourous.
Chaussures sans chaussettes : la folie des tassel loafers
Une fois encore, il convient de saluer le don des Italiens pour s’approprier des références qui à l’origine ne sont pas les leurs et les revivifier à l’aide de peu. Les slippers ne sont pas italiens, les tassel loafers non plus, les derbys à double boucle encore moins, et pourtant, regardons les icônes masculines, les marques nouvellement créées, les looks qui trouvent le mieux à s’exporter : que voit-on ? Des derbys à double boucle, des slippers, des tassel loafers. À la Bourse Mondiale des Images, les mocassins à pampilles ont remplacé durablement les car shoes – autre « invention » italienne. Un usage est né, à mi-chemin entre le style Ivy/preppy et la « facilité » méridionale. Corollaire des mocassins sans chaussettes : un pantalon de ville ajusté et court. Eh oui ! Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’appropriation d’un élément casual passe souvent en Italie par une mise en perspective plus « habillée ».
Illustration pour ainsi dire canonique : Fabio Attanasio (The Bespoke Dudes).
Autre exemple, français celui-là : Loïc (Les Frères Joachim).
Contre-exemple : Alessandro Squarzi – pour une fois ! (Source : Style Tao.)