Stalley « Ohio » @@@½
Sagittarius Laisser un commentaireÇa y est, Stalley l’ambassadeur de l’intelligent trunk muzik sort son premier album en maison de disque (Atlantic). C’est vrai que le terme d’ « album » semble flou. Depuis Goin’ Apes en 2008, Lincoln Way Nights qui l’a révélé puis l’excellent Honest Cowboy l’an dernier, tous ses projets jusqu’à maintenant était des mixtapes gratuites (exception faite de Honest Cowboy qui a été republié en EP) dont la qualité était bien supérieure à ce qui était commercialisé. Ohio, c’est comme ça qu’il a nommé son premier disque, existe donc en version CD et sera payant. Voilà qui répond mieux à la définition conservatrice du mot « album ».
De la pochette jusqu’aux textes ou les prods, le concept d’Ohio répond entièrement à la philosophie du rappeur : faire de la musique qui s’écoute en voiture, le coude à l’air, volume à fond, à un rythme pépère, soleil couchant ou en début de soirée. Le hic chez nous, c’est qu’on ne roule pas dans de vieilles Cadillac ou Chevrolet magnifiquement customisée, on fera sans. Voilà le genre de lifestyle à laquelle nous invite le rap de Stalley, avec une attitude si possible « fuck the police » qu’il martèle de temps à autres dans ses lyrics.
Musicalement, bien que l’Ohio soit plus proche de la Eastcoat que du Midwest d’un point de vue géographique, cet album est un mélange d’ambiance westcoast et de trunk muzik qui provient des Etats du Sud (Texas, Alabama…), avec du screwed and chopped par endroit. La vibe est très homogène du début à la fin, notamment par le fait que c’est son producteur attitré Rashad qui réalise la majeure partie d’Ohio. On retrouve alors le single « Jackin Chevys« , qui ferait presque penser à du N.W.A. dans l’esprit avec ses caisses d’époque, ou le laid-back « What It Be Like » avec Nipsey Hussle, idéal pour la ride en mode ‘drive’. On aurait pu penser que Ohio soit très orienté par le style maison de Maybach Music Group alors que pas du tout, on se croirait en train de cruiser pendant une petite heure. « Always Into Something » avec Ty Dolla Sign et « 3:30pm » nous rembarque d’ailleurs sur la côte ouest. Non en fait, Rick Ross intervient juste sur le sirupeux « One Shot » (avec August Alsina, sorte de clone vocal de Chris Brown).
« Boomin’ » est vraisemblablement le morceau qui reflète le mieux l’état d’esprit de Ohio, avec « System on Loud » qui ressemble davantage à un long interlude qu’à un morceau en tant que tel. En contrepartie, sur le plan des sujets, on a fait le tour rapidement comme sur un rond point, plusieurs fois même. Stalley et sa monture, c’est une passion que les lie, il en a écrit un poème sur « Chevelle« , sa voiture. Là où le rappeur barbu prend enfin une autre direction, c’est à la fin de l’album avec « Navajo Rugs » en collaborant avec les … De La Soul ! Sacrée surprise.
Tout ça pour dire que Ohio est un album fort plaisant à écouter. La qualité est équivalente à ses précédents projets digitaux, ni moins bon, ni meilleur; on aurait aimé qu’il aille plus loin dans sa démarche. Mais ça fera l’affaire, les autoradios auront un bon disque à manger.