Histoire des gladiateurs d'Anne Bernet

Par Kllouche

 Editions Tallandier (collection Texto) - Paru le 4 septembre 2014- 370 pages - 10.50€ - Pour l'acheter 
  • Résumé:
L'engouement du public pour les combats des gladiateurs, seize siècles après leur interdiction officielle, n'a jamais faibli. Mais que sait-on, en réalité, de cette institution emblématique de l'Empire romain ? Comblant un vide, car les seules études disponibles, déjà anciennes, ne s'adressaient qu'à des spécialistes, ce livre raconte le quotidien de ces hommes, et parfois de ces femmes, esclaves, condamnés de droit commun, mais aussi professionnels libres presque tous volontaires.
Il cherche également à comprendre la place tenue par la gladiature et ses compléments (chasses, condamnations aux bêtes, naumachies, courses) dans la société romaine, ses enjeux politiques, économiques, psychologiques, et l'absence de condamnation morale dont elle bénéficia durant cinq siècles.
 
  • Mon avis:
De l'introduction officielle des combats de gladiateurs à Rome en 264 av. J-C à leur interdiction en 438 ap. J-C, sept siècles ont passé. Pendant ce laps de temps, ils ont tour à tour été un levier du pouvoir des nobles, une partie indissociable des rites religieux et un divertissement de la foule. Si aujourd'hui les recherches ont permis de rétablir la vérité sur certaines extrapolations poussives que l'imaginaire des scénaristes de films ont contribué à véhiculer, des idées reçues ont la vie dure. "L'histoire des gladiateurs" d'Anne Bernet synthétise tout ce qu'il y a à savoir sur ce sujet, en distinguant bien réalité historique et clichés erronés.
Premièrement, les gladiateurs étaient en écrasante majorité des volontaires qui devaient signer un contrat en toute connaissance de cause. Deux tiers d'entre eux étaient des esclaves qui, juridiquement, étaient décrits comme des instrumenta uocalibus, soit des outils qui parlent. Ils n'étaient pas à proprement parler humains. On ne commettait donc pas un crime à les mener à la mort. Ils avaient tout de même une grande valeur commerciale, c'est pourquoi les lanistes n'avaient pas d'intérêts à les voir disparaître massivement. De plus, la gladiature s'est fortement professionnalisée au fil du temps. L'image de l'esclave se battant pour sauver sa vie et retrouver son honneur a été ainsi essentiellement répandue grâce ou à cause des films.
D'autre part, les combats de gladiateurs étaient une manifestation du besoin de la foule à "paraître", en montrant justement l'énormité de sa fortune. Ils ont été des instruments politiques et sociaux essentiels dans la société romaine. Anne Bernet revient sur nombre d'autres éléments de la gladiature qu'il serait trop long d'exposer. Elle en propose une excellente synthèse, très pratique pour préparer ses cours, et qui convaincra les amateurs lambda de l'Antiquité comme les étudiants ! Je suis décidemment totalement séduite par la collection texto des éditions Tallandier.